Publié le Mercredi 11 avril 2018 à 13h45.

Tensions dans les facs

Les mobilisations dans les universités polarisent le milieu étudiant et focalisent l’attention des médias. La proximité dans une même enceinte de groupes politiques opposés crée parfois des étincelles. Sans remonter jusqu’aux années 1960, voire 1930, on en trouve des exemples. La « violence des milices d’extrême gauche » que la droite agite n’est pas à l’origine des attaques venues de l’extrême droite. Les fachos se débrouillent très bien sans et les périodes de blocage leur offrent l’occasion de se poser en rempart contre la « chienlit ». La mobilisation actuelle contre la loi ORE ne fait pas exception. Quelques exemples emblématiques... 

Angers. Avril 2018, poussé par l’exemple montpelliérain, J.-E. Gannat (fils de Pascal Gannat, conseiller régional FN), emmène ses camarades du Rassemblement des étudiants de droite (RED) perturber une AG de la fac de droit. La provocation se double d’une intimidation certaine, et on connaît le passif de la bande. Le RED angevin s’est ainsi illustré avec une action contre le meeting de Philippe Poutou en novembre 2015. En 2016, -F.-A. Gannat, un frère, déambule dans les rues avec ses potes de Génération identitaire : chants nazis et agressions physiques, qui se finissent contre la BAC... il sera condamné en justice mais remet ça en mai 2017 avec deux autres de ses potes, cette fois-ci du GUD.

Paris. 6 avril 2018, un commando d’une petite vingtaine de très jeunes casqués s’attaquent à l’université de Tolbiac occupée. On comprend mal comment ces pieds-nickelés comptent débloquer la fac en la caillassant depuis la rue. Mais le message d’intimidation est passé. En avril 2017, une poignée de royalistes s’était essayée au déblocage du lycée Voltaire. En mars 2018, une dizaine d’individus attaquaient le lycée autogéré de Paris (LAP), aux cris de « Groupe, union, défense » (GUD). Le LAP avait déjà été ciblé en 2007 et un professeur avait été tabassé. Parmi les mis en examen, on comptait cinq membres du RED. Le nom du mouvement étudiant à Angers fait référence à ce groupe apparu dans les années 2000 à Assas, après la disparition du GUD. À l’époque de la mobilisation anti-CPE, le RED s’active contre les blocages et les grèves. Des militants du RED seront poursuivis pour l’agression d’une militante de l’Unef.

Strasbourg. Fin mars 2018, un groupe d’étudiantEs arrache des affiches du Bastion social... mais les colleurs sont toujours là. À une quinzaine, ils prennent en chasse les étudiantEs et les frappent. Les habitués du Bastion social ne bastonnent pas que des étudiantEs. En décembre 2017, pour l’inauguration de leur local, une vingtaine de nervis, dont le trésorier, attaquent un jeune d’origine maghrébine. Un mois plus tard, le jour de la manifestation pour sa fermeture, deux fachos croient reconnaître des contre-manifestants dans un tram : ils les agressent et puis tapent le conducteur qui s’interpose. Le soir de l’élection de Macron, une quinzaine de personnes attaquent des manifestantEs. Trois d’entre eux seront arrêtés puis relaxés.

Lille. Fin mars 2018, les militants de Génération identitaire tournent autour de Lille 2, au moment d’une AG étudiante. Les étudiantEs en lutte ne restent pas indifférents. Verhassel, le leader des identitaires, justifie leur présence pour protéger les étudiants de droite, opposés à la mobilisation. Les identitaires mettent leurs matraques au service des « anti-blocages ». En novembre 2016, un groupe de jeunes communistes reconnus dans un bar avait été attaqué par des habitués de « la Citadelle », le local de Génération identitaire.