Publié le Mercredi 19 mai 2021 à 11h22.

Israël assassin, Macron complice !

Alors que l’agression israélienne se poursuit, l’urgence est au développement de la solidarité avec les PalestinienEs en lutte pour leurs droits nationaux et démocratiques.

« Si le Hamas narrête pas ses violences, la guerre de 2021 sera plus dure et plus douloureuse que celle de 2014. Si les citoyens dIsraël doivent dormir dans des abris en raison des tirs de roquettes, alors Gaza brûlera. » C’est avec ces mots, et sur un ton particulièrement martial, que Benny Gantz, ministre de la Défense israélien, s’est adressé jeudi 13 mai aux habitantEs de Gaza. Celui qui était encore présenté il y a peu comme l’opposant n°1 à Nétanyahou confirme qu’il n’a rien à envier à l’actuel Premier ministre israélien lorsqu’il s’agit de brutaliser et assassiner les PalestinienEs. Une illustration supplémentaire du consensus qui règne dans le champ politique israélien mainstream et qui donne une idée de l’état d’esprit dominant dans les sphères du pouvoir en Israël, où l’on est prêt à toutes les atrocités pour rappeler aux PalestinienEs que l’État colonial entend être le seul maître du jeu et qu’ils et elles n’ont aucun droit, sinon celui de se taire.

Palestine agressée, Palestine révoltée

À l’heure où ces lignes sont écrites, ce sont plus de 220 PalestinienEs qui ont été assassinés dans les bombardements sur Gaza, menés au prétexte des tirs de roquettes des organisations armées palestiniennes. Dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 mai, ce sont pas moins de 42 personnes qui ont été tuées dans un bombardement massif rue Wehda, dans la ville de Gaza : 16 hommes, 16 femmes et 10 enfants. L’armée israélienne affirme avoir visé une « installation militaire souterraine » et évoque, avec morgue, « des pertes civiles involontaires ».

En Cisjordanie, au cours de la journée du 15 mai, ce sont au moins 11 PalestinienEs qui ont été tués lors de manifestations, l’armée ayant ouvert le feu à balles réelles. À l’intérieur d’Israël, les expéditions « punitives » menées par les groupes de colons d’extrême droite se succèdent, avec une multiplication des ratonnades, qui suscitent indignation et colère chez les PalestinienEs d’Israël, certains d’entre eux s’en prenant à leur tour à des commerces ou à des habitantEs juifs. À Jérusalem, d’où la vague de colère — et de répression — est partie fin avril, la mobilisation se poursuit contre les expulsions, avec rassemblements et manifestations quasiment tous les jours.

Depuis plus d’une semaine, ce sont l’ensemble des secteurs de la population palestinienne qui se mobilisent : à Gaza, en Israël, à Jérusalem, en Cisjordanie. Et l’on a même vu des manifestations aux frontières d’Israël, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Un cinglant avertissement adressé à la puissance coloniale qui n’a eu de cesse, au cours des dernières décennies, de fragmenter la population palestinienne : la révolte à laquelle nous assistons, si elle n’est évidemment pas l’affirmation d’une unité politique soudainement retrouvée, n’en demeure pas moins l’expression de la conscience d’une communauté de destin entre les différents secteurs palestiniens.

À l’instar de cet appel à la grève générale lancé par des collectifs de jeunes et qui a été largement repris et suivi dans toute la Palestine historique : « Depuis toute la Palestine colonisée, nous vous appelons à rejoindre notre grève générale et notre journée d'action du mardi 18 mai. […] Nous faisons appel à votre soutien pour consolider ce moment de résistance populaire sans précédent, lancée depuis Jérusalem et s'étendant à chaque village, ville et camp de réfugiés à travers la Palestine et à nos frontières avec le Liban, la Syrie et la Jordanie. »

Amplifier la solidarité

Du côté des puissances occidentales, une fois de plus, l’État colonial est choyé. Soit par un soutien explicite, par exemple du côté d’un Joe Biden qui répète « [qu’]Israël a le droit de se défendre », comme si l’on n’assistait pas à une énième agression israélienne. Soit par un soutien plus implicite, avec la rhétorique des « appels au calme », à l’image d’un Macron qui dénonce la « spirale de la violence » et appelle « au cessez-le-feu et au dialogue ». Autant de déclarations qui ignorent superbement une vérité pourtant évidente : l’occupation, la colonisation, la répression quotidienne sont des violences, et tout « appel au calme » n’incluant pas l’exigence de la fin de ces violences et la satisfaction des droits nationaux et démocratiques des PalestinienEs est en réalité un appel à ce que ces dernierEs cessent de lutter contre l’oppression coloniale.

Macron confirme qu’il s’inscrit dans la continuité de Sarkozy et de Hollande dans une politique de rapprochement avec Israël, allié utile dans une région toujours fortement déstabilisée : échanges commerciaux et scientifiques, coopération économique, sécuritaire et militaire, refus de toute forme de sanction contre Israël, mais aussi criminalisation de la solidarité avec les PalestinienEs, avec le week-end dernier l’interdiction, à la demande de Darmanin, de la manifestation parisienne.

Une interdiction qui a été un échec, puisque nous étions des milliers dans les rues de Paris, dispersés mais déterminés, malgré le dispositif policier démesuré. Et nous étions des dizaines de milliers dans toute la France, avec de nombreux et nombreuses militantEs syndicaux, politiques et associatifs, et une forte présence de la jeunesse, notamment des quartiers populaires. Les PalestinienEs ne peuvent compter que sur leurs propres forces et sur la solidarité internationale : à nous de jouer notre rôle d’amplification de la mobilisation, en articulant protestation contre l’agression coloniale, soutien à la résistance du peuple palestinien et dénonciation des complicités de la France.