Publié le Samedi 8 janvier 2011 à 23h00.

Gaza, on n’oublie pas

« Pour la Palestine, pour Gaza, agissez, maintenant ! »

Le 27 décembre 2008, Israël a débuté un véritable massacre faisant 1 417 victimes dont 352 enfants, selon les principaux organismes pour les droits de l’homme. Pendant 22 nuits et 22 jours, Tsahal largue sans relâche des bombes au phosphore interdites au plan international, sur une enclave abritant 1,5 million de Palestiniens, dont 800 000 sont des enfants et plus de 80 % des réfugiés enregistrés par les Nations unies. À la suite de cette attaque, 5 300 personnes souffrent de séquelles physiques à vie. Au moment où des rassemblements dans le monde entier ont commémoré les deux ans de ce massacre, les Palestiniens de Gaza sont toujours soumis au blocus israélo-égyptien, débuté il y a trois ans et demi. Toute reconstruction a été rendue impossible autrement qu’avec quelques tôles et bâches. Loin des caméras, les attaques israéliennes perdurent (cinq militants ont été assassinés au mois de décembre), les drones et autres F16 rappellent quotidiennement la volonté de l’État israélien d’écraser Gaza. Dans sa propre société, Israël condamne les quelques militantEs dénonçant cet assujettissement d’une population entière : le 27 décembre dernier, un jeune militant anti­colonialiste, Jonathan Pollack, était envoyé pour trois mois en prison. Son délit ? Avoir participé à une manifestation dénonçant le blocus. À l’échelle mondiale, face au développement de la campagne BDS, Israël répond également avec la complicité du gouvernement français, par les inculpations de militants boycotteurs ; en débloquant des millions d’euros pour des campagnes médiatiques afin de promouvoir Israël et chercher à fragiliser les mouvements de solidarité, la campagne BDS ou la prochaine flottille pour la liberté. Cette contre-offensive annoncée par l’état-major israélien doit nous conforter dans notre stratégie résolue d’actions visant à combattre son impunité. Celles-ci tapent juste. Elles sont surtout une réponse à l’appel des organisations palestiniennes qui le 27 décembre dernier déclarait depuis Gaza : « Comme en Afrique du Sud, le déséquilibre des forces et de la représentation dans cette lutte peut être contrebalancé par un puissant mouvement international, avec BDS en tête, obligeant les hommes politiques israéliens à rendre des comptes, ce que les dirigeants de la communauté internationale ont maintes fois refusé de faire. De même, les opérations civiles créatives comme les navires de Free Gaza, qui ont brisé le siège cinq fois, la Marche de la Liberté à Gaza, la Flottille de la Liberté pour Gaza, et les nombreux convois terrestres ne doivent jamais cesser d’essayer de briser le siège et de souligner l’inhumanité qui consiste à maintenir 1,5 million de Gazaouis dans une prison à ciel ouvert. [...] Participez à la campagne BDS, rejoignez les nombreux syndicats internationaux, universités, supermarchés, artistes et écrivains qui refusent d’entretenir Israël Apartheid. Exprimez-vous pour la Palestine, pour Gaza, et surtout, AGISSEZ. Maintenant. »

Une deuxième flottille, pour lever le blocus de Gaza !

Dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2009, la première flottille pour la liberté était prise d’assaut dans les eaux inter­nationales par les brigades d’élites de l’armée israélienne. L’attaque militaire contre des bateaux civils fit neuf victimes turques et une trentaine de blessés. Une fois de plus Israël démontrait combien il était capable de « péter les plombs ». L’impunité cette fois-ci ne fut pas totale, de nombreux États, comme l’Afrique du Sud ou la Turquie, rappelant leurs ambassadeurs, tandis que d’autres comme le Nicaragua rompaient carrément leurs relations diplomatiques avec Israël. Mais les puissances impérialistes, États-Unis et Union européenne en tête, se gardaient de prendre des mesures concrètes, se contentant de verser des larmes de crocodiles médiatiques, sans pour autant appliquer les sanctions nécessaires pour une condamnation effective de cet acte de piraterie et forcer Israël à lever le blocus de Gaza. Les réactions de colère et d’indignation des sociétés civiles du monde entier ont, comme lors du massacre perpétré en janvier 2009 à Gaza, tranché avec cette bienveillance des puissances occidentales. Des milliers de manifestants, sur tous les continents, sont descendus dans les rues pour réclamer des sanctions, l’application du droit, et légitimer l’appel au Boycott lancé par les Palestiniens en 2005. C’est un des enseignements de cette première flottille : les peuples du monde entier ne doivent pas attendre des États impérialistes une action résolue en faveur des droits des Palestiniens, ils doivent agir. L’inertie des principales puissances économiques et militaires n’a rien à voir avec un quelconque manque de courage politique dont se lamente des chroniqueurs médiatiques. Elle est la conséquence logique d’une défense de leurs intérêts dans la région, qui passe par un soutien indéfectible à Israël. La Flottille pour la liberté est dans la même logique que l’action pour le boycott et le désinvestissement de la campagne BDS. Une campagne internationale qui certes interpelle ses gouvernements pour que des sanctions soient appliquées, mais qui sait mettre en œuvre concrètement « ici et maintenant » des actions afin d’agir sur le rapport de forces dans la région. Le printemps 2011 verra la mise à flot d’une deuxième flottille de la liberté, dont l’objectif est d’atteindre les côtes de Gaza, et d’élargir la campagne pour la levée totale du blocus. Au côté des principaux acteurs de la première édition (Grecs, Turcs, Suédois, la coalition Free Gaza des États-Unis), ce sont plus de dix nouvelles coalitions nationales ou régionales, regroupant une vingtaine de nationalités qui se coordonnent pour mettre à l’eau plus de quinze bateaux de passagers ou de cargos de matériels. Absentes massivement lors de la première flottille, plus de 60 organisations françaises se sont cette fois réunies pour construire les conditions d’une participation à cette deuxième flottille pour la liberté. Des initiatives locales ou nationales rythmeront les prochains mois. Pour suivre la campagne : unbateaupourgaza.frPour prendre contact avec la commission Moyen-Orient Palestine du NPA : contact-mopal@npa2009.org

Le boycott d’Agrexco doit être total !

«Toute affirmation selon laquelle les opérations d’Agrexco bénéficient aux paysans palestiniens n’est rien d’autre qu’une feuille de vigne pour couvrir une complicité avec les violations du droit international et des droits du peuple palestinien par Israël. » « Nous appelons plutôt à intensifier la pression contre Agrexco par un boycott complet et systématique de tous les produits et services d’Agrexco. » C’est par ces mots que la société civile palestinienne répond à la chambre de commerce France-Israël, qui début décembre affirmait : « Agrexco/Carmel relance les exportations de produits agricoles depuis la bande de Gaza » et ajoutait que les Palestiniens étaient les premiers bénéficiaires de cette opération. Israël serait donc l’ami des Palestiniens et ceux qui appellent au boycott leur feraient du tort ! L’État colonial profite au peuple qu’il colonise ! L’appel BDS de la société civile palestinienne en 2005 était déjà clair, le comité national palestinien du BDS le réaffirme : « un boycott total de Carmel-Agrexco a été approuvé par la totalité des syndicats et comité agricoles et de fermiers palestiniens. Quoique bien conscients du prix que nos agriculteurs pourraient payer du fait d’un boycott complet de Carmel-Agrexco, nous considérons le BDS comme le moyen de solidarité le plus efficace. » Nous ne marchons pas dans les manœuvres d’Israël pour délégitimer la campagne BDS et nous réaffirmons également qu’il est nécessaire de boycotter les entreprises comme Agrexco qui profitent de la colonisation et de l’occupation des terres palestiniennes.

Pourquoi boycotter Israël ?

Qu’est-ce que le boycott d’Israël ?La campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) a été lancée par la société civile palestinienne en 2005, à la suite des dizaines d’années de lutte contre Israël et sa politique d’apartheid. Les Palestiniens font appel aux citoyens de conscience du monde afin que prenne fin le plus long conflit de l’histoire récente. Les Palestiniens nous demandent de boycotter tous les produits israéliens, mais aussi de pratiquer un boycott sportif, culturel et universitaire. Ils nous demandent de faire pression sur les entreprises étrangères, notamment européennes, afin qu’elles arrêtent leur collaboration avec cet État criminel. Enfin, ils nous demandent de faire appliquer par nos États les sanctions qui auraient dû être appliquées depuis des dizaines d’années sans ce déni de droit intolérable.Il apparaît aujourd’hui que, loin des grands débats théoriques, la campagne BDS est une arme efficace pour faire plier Israël, d’autant que nous ne pouvons rien attendre de l’ONU ou des autres pays. Quelles sont les revendications précises de la campagne BDS ?La campagne BDS demande tout simplement l’application du droit international, à savoir :- le droit au retour pour tous les réfugiés,- la fin de la colonisation, de l’occupation et le démantèlement du Mur, - la fin de l’apartheid pour les Palestiniens de 1948 (dits « Arabes israéliens »).Le boycott d’un État sert-il à quelque chose ?En Afrique du Sud, dans les années 1980, la pression internationale a été suffisamment forte pour créer un changement politique important. C’est le même processus qui se développe aujourd’hui. Ce boycott est loin d’être le premier : pour faire cesser la colonisation, dès 1837, les Québécois boycottaient les produits anglais et, en 1930, Gandhi appelait au boycott des produits britanniques. Enfin, en 1980, une cinquantaine de pays dont les États-Unis et Israël, boycottaient les Jeux olympiques de Moscou pour protester contre l’intervention soviétique en Afghanistan... Comparer Israël et l’Afrique du Sud de l’Apartheid n’est-il pas exagéré ? La situation des Palestiniens en Israël et dans les territoires occupés s’apparente, par de nombreux aspects, à celle vécue par les noirs en Afrique du Sud dans les années 1980. Mais le mot apartheid n’est pas simplement une description de ce qui s’est passé en Afrique du Sud. Le crime d’apartheid est défini en droit international comme un crime contre l’humanité. L’apartheid y est défini comme « un régime institutionnalisé d’oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ou tous autres groupes raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime. » Nous pouvons démontrer aujourd’hui que dans ses lois comme dans ses pratiques, l’État d’Israël est coupable d’apartheid envers sa population non juive. Pourquoi s’en prendre à Israël et pas à de plus grosses puissances ? Pourquoi pas Israël ? Nous dénonçons l’injustice et l’oppression partout où elle s’exerce.Mais si nous boycottons Israël, c’est aussi parce que les Palestiniens eux-mêmes nous le demandent, ce qui n’est pas le cas des autres populations opprimées, qu’Israël légitime son existence par le droit international qu’il viole tous les jours et se targue d’être la seule démocratie de la région. On n’a jamais entendu la Chine, la Russie ou le Soudan se vanter d’être de grandes démocraties. On peut aussi remarquer qu’Israël se pose en avant-poste de l’Occident et « nous » protégerait de la barbarie arabo-islamiste, et nous refusons que ce régime se comporte comme cela en notre nom. Enfin, la pression internationale a beaucoup plus de poids sur l’opinion publique israélienne que sur les opinions publiques chinoise ou russe… Le boycott n’est-il pas une punition collective contre tous les Israéliens ? L’appel au boycott ne concerne que les institutions, pas les individus, si toutefois ces individus sont clairement détachés de toute organisation liée au gouvernement israélien. Tous ceux qui collaborent avec Israël, entreprises, institutions, étrangères ou israéliennes, sont complices des crimes du régime israélien. Il faut enfin rappeler que des Israéliens nous demandent aussi de boycotter leur pays. Ils se sont regroupés sous le nom de « Boycott from within ».Le boycott n’affecte-t-il pas les Palestiniens eux-mêmes ? En 2005, l’appel au boycott a été lancé par l’ensemble de la société civile palestinienne, qui en a bien mesuré les conséquences et qui est prête à en payer le prix. Le boycott universitaire et culturel ne coupe-t-il pas court à toute possibilité de dialogue ? Non, puisque le boycott ne s’attaque qu’aux institutions. Un tel dialogue est d’ailleurs limité car, contrairement aux idées reçues, une très faible minorité d’intellectuels israéliens s’oppose à l’occupation alors qu’une grande majorité y participe, activement ou passivement. Il s’agit de dénoncer les collusions entre institutions (universitaires et culturelles), l’État et son appareil répressif, mais les individus ne sont pas boycottés à moins qu’ils collaborent directement avec l’État d’Israël (par exemple les chercheurs aidant à la mise au point des armes utilisées par l’armée israélienne). De plus, la liberté laissée aux « intellectuels » israéliens sert de vernis démocratique à cet État et donne l’illusion de laisser place à la contestation. Enfin, les Palestiniens n’ont pas cette liberté ! Pourquoi ne pas boycotter les seuls produits des colonies ? Les discriminations et l’apartheid que nous dénonçons touchent également les Palestiniens à l’intérieur des frontières d’Israël. De plus, dans sa dimension coloniale, c’est bien l’État d’Israël, son armée et ses entreprises qui sont responsables et profitent économiquement de l’occupation de tous les territoires illégaux, de la construction du Mur, du blocus de Gaza, etc. À l’époque de l’Apartheid, n’aurait-il pas été absurde de ne boycotter que les bantoustans et pas le Cap, Johannesburg ou Pretoria ? Pour en savoir plus : www.bdsfrance.org