Pour la seconde fois depuis son élection, Emmanuel Macron recevra, le 10 décembre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Coïncidence des dates, le 10 décembre est depuis 1950 la Journée internationale des droits humains : tout un symbole.
Le 10 décembre 1948, l’Assemblée générale de l’ONU, réunie à Paris, adoptait la « Déclaration universelle des droits de l’homme », texte à valeur déclarative et non contraignante, mais à forte portée symbolique. 69 ans plus tard, la France, autoproclamée « patrie des droits de l’homme », a choisi de célébrer cet anniversaire d’une façon bien particulière en recevant le chef de l’exécutif d’un État qui, depuis le premier jour de son existence, viole les droits humains et, plus -généralement, le droit international.
Une provocation
Les prétendus rois et reines de la com’ qui peuplent l’Élysée sont des récidivistes. En juillet dernier, Macron avait en effet déjà reçu Netanyahou et l’avait invité à participer aux commémorations de la rafle du Vél d’hiv, au cours de laquelle, les 16 et 17 juillet 1942, 13 152 hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés par les autorités de Vichy à la demande des nazis, avant d’être déportés. Un véritable scandale lorsque l’on connaît la propension des dirigeants israéliens en général, et de Netanyahou en particulier, à instrumentaliser la mémoire du génocide juif, dont ils se revendiquent les uniques dépositaires, et au nom de laquelle ils prétendent légitimer leur politique coloniale à l’égard des PalestinienEs.
Le Premier ministre israélien est cette fois convié à l’occasion d’une autre date symbolique et, quand bien même on n’attacherait pas d’importance démesurée à la Déclaration de 1948, et quand bien même on aurait été tout aussi révolté par une visite de Netanyahou à une autre date, on est en droit de percevoir cette (malheureuse ?) coïncidence comme une provocation. A fortiori dans le contexte actuel de mobilisation, en France et à l’international, pour la libération de Salah Hamouri, emprisonné par Israël depuis plus de 100 jours sous le régime de la détention administrative, qui permet aux autorités militaires israéliennes de maintenir en prison des PalestinienEs sans aucune charge et sans aucune preuve.
Emmanuel Macron, l’ami des bourreaux
« Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé. » (article 9) ; « Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle. » (article 10) ; « Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. » (article 11.1). Est-ce pour lire à Netanyahou ces articles de la Déclaration de 1948 que Macron l’a convié le 10 décembre ? On est en droit d’en douter…
À l’instar de ses prédécesseurs, le président français a en effet choisi de resserrer les liens avec Israël, le considérant comme un allié régional au côté d’autres sympathiques régimes, au premier rang desquels l’Égypte et l’Arabie saoudite. La diplomatie de Macron ne s’encombre guère de détails aussi insignifiants que le respect des droits humains et du droit international, et le bal des affreux va donc se poursuivre à l’Élysée. L’imposture que représente celui qui se prétend « moderne » et « progressiste » est chaque jour plus patente et, même si nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire, cette nouvelle invitation nous contraint à le répéter : Emmanuel Macron est l’ami des puissants, des dictateurs et des bourreaux, pas celui des peuples.
Julien Salingue
Le NPA se joindra aux initiatives de protestation contre la venue de Netanyahou, à commencer par le rassemblement organisé le samedi 9 décembre, à 14h00 place de la République à Paris.