Issoire : Ils ont dit stop au massacre !
Alcan a annoncé la prochaine suppression de 79 postes. Près de 400 manifestants ont défilé, hier à Issoire, pour lutter contre un plan social dit « injustifié ».
Gilles, 50 ans dont trente-quatre années de labeur chez Alcan, se dirige tranquillement vers l'usine où près de 400 manifestants attendent le grand départ.
Un camion aux couleurs de Force Ouvrière diffuse de la musique poussée à fond pour motiver les troupes. Gilles cherche un drapeau. Il est 10 h 15. « Allez on y va ! » scandent les leaders syndicaux. La revendication est claire : refuser le plan social qui prévoit la suppression de 79 postes au sein de la branche Structure d'Alcan, tous métiers confondus. FO, CGT et CGC se sont unis dans cette lutte.
« Les Bourbié devant, les Alcan suivent ! ». Les ordres sont donnés. La foule peut entamer une longue marche autour des boulevards d'Issoire. La force de cette manifestation tient en la solidarité des autres. Ceux qui sont au chômage, en pré-retraite ou les collègues venus soutenir les 79 condamnés. Danièle, 58 ans, marche en fin de cortège. « Il faut faire quelque chose car ils sont en train de faire mourir Issoire, plaide-t-elle. Mon mari était à Rhénalu et j'ai travaillé quinze ans à Ducellier avant d'être assistante-maternelle ».
Salarié à la fonderie, Philippe n'est pas dans les « 79 », mais il s'est déplacé pour défendre les camarades. Le quinquagénaire reste sceptique pour la suite : « Ce plan de licenciement n'est qu'un début. Les dirigeants veulent rendre la mariée très belle pour les acheteurs et réaliser du profit rapidement ».
Gérald, 40 ans, du service Métallurgie Qualité, n'a pas échappé au plan social. Une situation qui risque de l'obliger à quitter Issoire « par la force des choses ».
De retour vers Alcan, la manifestation se dissout sans encombre. Pour Michel Decharrière délégué syndical CFE-CGC, « les dirigeants prônent un mauvais calcul avec ces suppressions de postes, pour donner aux repreneurs l'image d'une usine qui pourrait être encore plus rentable. Nous devons garder notre avance technologique, notre savoir-faire ».
Article de Laure Peyrat paru dans La MontagneEdition du dimanche 7 mars 2010