Publié le Jeudi 20 novembre 2025 à 08h00.

Climat, biodiversité : Urgence absolue !

Les catastrophes s’enchaînent : températures records, sécheresses, feux de forêts, tornades, inondations, fonte de la banquise et montée inexorable des océans. La biodiversité s’effondre plus vite que prévu, les sols deviennent arides et les pertes de récoltes explosent. Par ailleurs, l’air, l’eau, les sols sont contaminés et 6 limites planétaires sur 9 sont d’ores et déjà allègrement dépassées et la 7e (l’acidification des océans) ne pourra plus être contenue. Un plan d’urgence s’impose, nous en proposons les contours. 

Il faut profondément changer de projet de société, à commencer par la nécessaire réduction des consommations d’énergie et de matières premières, le partage des richesses et des ressources.

La contribution massive des plus riches est une nécessité incontournable car c’est bien eux qui contribuent le plus aux émissions de CO2, ce qui implique

plus de démocratie et d’équité, et pose la question de la légitimité de la richesse. Ceci est un préalable à la transition écologique. Sinon, ce ne seront que des répressions et des guerres qui émergeront partout, à l’image des ambitions impérialistes et des guerres de Trump et Poutine, pour accéder aux ressources. 

 

Le climat s’emballe, les politiques piétinent

Tous les plans, nationaux et régionaux, les dossiers de subventions, sont dépourvus de critères et d’indicateurs scientifiques tels les bilans massiques, les bilans énergétiques, même les bilans carbone en sont absents. Ils ne s’en tiennent qu’à des discours d’enfumage et de stratégies financières plutôt que de s’attaquer au fond du problème.

211 milliards d'euros sont ainsi distribués annuellement aux entreprises françaises sans contrepartie, sans objectifs ni suivi ! (sans compter les subventions européennes et régionales).

Les engagements pris au niveau de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) et de la stratégie nationale bas carbone sont régulièrement révisés et leurs ambitions réduites, principalement sur les économies d’énergie, au profit du nucléaire, des énergies renouvelables dirigées vers le profit, et de techno-solutions dont les bilans carbone sont bien moins efficients.

Si les trajectoires pour les renouvelables en 2050 sont généralement respectées et génèrent des surproductions voire des prix négatifs, celles des économies d’énergie (efficacité, sobriété) accusent un retard de plus de deux tiers par rapport aux prévisions.

Pourtant, la réduction de la consommation globale d’énergie reste fixée à 50 %, ce qui implique 50 % maximum de production de renouvelables en plus par rapport à la situation initiale. 

La neutralité carbone de la biomasse utilisée comme énergie est un autre leurre, car elle génère des avoirs carbone sur les agrocarburants, la méthanisation et le bois énergie, tout en émettant plus de CO2 que les combustibles fossiles ! Une fois dans l’atmosphère ce CO2 met 1 000 ans pour réduire de moitié, comme pour les énergies fossiles. L’énergie biomasse a aussi des impacts considérables sur la biodiversité et la surexploitation des sols agricoles et des forêts. Les scientifiques du GIEC alertent régulièrement à ce sujet : 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction au cours des prochaines décennies, selon l’IPBES (le GIEC de la biodiversité).

Passer du vivant fossilisé (pétrole, gaz) au vivant biomasse est un pari risqué qui doit être conditionné à une analyse scientifique bien plus sérieuse qu’une simple loi sur la neutralité carbone votée au parlement.

 

La biodiversité en danger

Tout nouveau projet industriel, urbain ou agricole doit impérativement permettre non seulement de réduire les émissions de CO2 et parallèlement d’avoir le moindre impact possible sur la biodiversité, voire de pouvoir la restaurer. Les émissions carbone des fossiles ont perturbé le climat, ne tuons pas la solution : le vivant capable de rétablir la situation à moindre coût. Rappelons que les milieux naturels absorbent 50 à 60 % des gaz à effet de serre produits par l’humanité. Le meilleur système de stockage de carbone, c’est la biodiversité, pas les délires technologiques de captation artificielle du carbone vanté par des apprentis sorciers qui rêvent surtout des dollars qui les accompagneraient. 

 

Les financements font clairement défaut.

Si les énergies renouvelables (ENR) sont grassement subventionnées par les citoyen·nes, elles engendrent des dérives car l’électricité, souvent vendue à perte (prix négatifs) oblige l’arrêt des éoliennes et du photovoltaïque. Les économies d’énergie sont clairement le parent pauvre de cette politique, les réductions d’impôts ont été réduites à deux reprises pour l’isolation des bâtiments et la suppression de la prime rénov.

Les financements à l’adaptation au changement climatique souffrent également. Par l’exemple l’aide pour les retraits et gonflements d’argile fixée à 30 million d'euros pour 10 millions de logements soit 3€ par logement ! On est loin des 2,3 milliards € supplémentaires par an que coûteraient en France les mesures pour s’adapter au changement climatique, montant calculé par l’Institut de l’économie pour le climat.

Le coût de transition digne de ce nom reste ridicule face aux :

— 211 milliards d’aide aux entreprises sans contrepartie

— 100 milliards d’évasion fiscale

— 80 milliards de fraude fiscale.

Malheureusement, le coût de l’inaction climatique sera bien supérieur au montant des investissements nécessaires à l’adaptation. 

 

Le réchauffement climatique connu depuis longtemps

Dès 1800, les scientifiques s’inquiétaient déjà de l’impact sur le climat des émissions industrielles de CO2. A la fin du 19e siècle ils estimaient le réchauffement à environ 4°C si on doublait la teneur de CO2 dans l’atmosphère. En 1974, le rapport Meaddow met en graphique l’issue fatale de notre civilisation si on ne réagit pas rapidement. Pourtant les lobbys des fossiles ont dépensé des sommes considérables pour nous enfumer.

 

Les guerres actuelles coûtent des milliers de milliards

Le capitalisme porte en lui la guerre. À Gaza, en Ukraine, en Afrique, elles dépassent largement les centaines de milliards nécessaires à la révolution écologique qui devrait être menée actuellement. Les conflits sont des catastrophes humaines qui entraînent des pollutions importantes : après avoir bombardé et semé la terreur, il faut reconstruire à grands coups d’émissions carbone. Face à la raréfaction de matières premières, les moyens de reconstruire ce qui a été détruit, laissant des pays dans la misère, seront faibles. 

 

La répression des militant·es écologistes est de plus en plus violente

Pourtant à l’ONU, le rapporteur de la convention d’Aarhus est clair : aucune manifestation non violente ne doit être interdite ni réprimée. Pareil en ce qui concerne le droit de blocage des équipements publics ou privés : c’est le seul moyen qui nous permet de faire entendre.

 

Un plan d’urgence est indispensable

À l’heure où les privilèges tuent l’humain et la planète, il faut restaurer les conditions nécessaires à la pérennité du vivant et impulser un projet de société bien plus enviable pour sortir les citoyens, surtout les plus jeunes, de la morosité et de la dépression. 75 % des moins de 25 ans qualifient leur avenir d’effroyable !

Il est impératif de lutter pour :

— la décroissance écosocialiste de la production : réduction du temps de travail, produire selon les besoins décidés collectivement entre travailleur·ses et habitant·es, réglementer la pub, passer à la sobriété et à l’efficacité énergétique, réduire les transports ;

— la sortie du capitalisme : arrêter la course aux profits et le consumérisme, mettre fin à l’extractivisme et au pillage des ressources, sortir du productivisme en se réappropriant les moyens de production, relocaliser pour satisfaire les besoins essentiels, limiter l’IA et lutter contre les addictions aux écrans ;

— le développement des communs : sécurité sociale de l’alimentation, gratuité des besoins de base (énergie, eau, logement, alimentation, santé), développement et gratuité des transports en commun ;

— le changement énergétique : stopper le nucléaire et développer les renouvelables pour l’énergie indispensable, sortie des énergies fossiles, service 100 % public de l’énergie ;

— le changement de modèle agricole : développer l’agriculture paysanne et arrêter les pesticides, diminuer drastiquement la consommation de viande, soutenir l’installation de paysan·nes, développer les circuits courts ;

— la protection de la biodiversité : interdire la déforestation, limiter l’artificialisation des sols, analyser sérieusement les pollutions de façon non truquée, restaurer les espaces naturels et les forêts, laisser 10 % du territoire libre, réviser les normes en introduisant des critères environnementaux bien plus drastiques

 

Des lueurs d’espoir

Partout dans le monde, des luttes à la fois écolos, sociales et décoloniales se renforcent. En France, le mouvement écolo a créé de nouveaux liens avec les mouvements sociaux, notamment à travers les Soulèvements de la Terre. La conscience écologique grandit de même que la conviction de l’impossible adaptation du capitalisme. Néanmoins, il nous faut évidemment construire sans attendre les lieux communs de société plus sobres, plus équitables, plus autonomes. Des lieux résilients maillés entre eux, capables de pouvoir accueillir la population de plus en plus nombreuse et tisser des liens bien plus respectueux avec le reste du vivant. Partager les ressources entre les citoyens, les peuples et les générations. Ces espaces sont absolument indispensables pour donner l’exemple d’un modèle plus souhaitable, mais aussi pour assurer la sécurité alimentaire en cas de crises. Il faut aussi s’impliquer dans les milieux associatifs, syndicaux et politiques pour impulser un changement et éveiller les consciences de ceux qui obéissent et se taisent ou ne soignent que leur ego. La tâche est immense mais le projet d’un monde meilleur et l’engagement militant joyeux permettent aussi d’avancer et de ne pas sombrer dans l’éco-anxiété.