Avec 51,03 % des voix (104 000 votantEs), Yannick Jadot sera le candidat d’EÉLV à la présidentielle. Un vainqueur talonné de près par Sandrine Rousseau (48,97 %) qui a mis en avant une écologie plus radicale, féministe et antiraciste.
Ce résultat montre que les aspirations à vivre autrement augmentent, imprègnent différentes couches de la société, y compris les classes populaires qui voient bien que le capitalisme pourrit la vie. Mais la candidature Jadot sera inutile pour celles et ceux qui revendiquent une autre société.
Un pragmatisme « macron-compatible »
Pour lui, le temps est venu pour l’écologie de gouverner. C’est au nom de l’urgence de la crise écologique qu’il veut incarner « l’écologie pragmatique », insistant sur son côté « homme politique responsable » prêt à assumer un rôle dans un prochain gouvernement, à défaut d’être élu président. Il prend soin de marteler qu’il n’est pas radical, sous-entendu qu’il est raisonnable et accepte la fausse démocratie de la 5e République, qu’il fait des propositions réalistes, sous-entendu acceptables par le capitalisme. Effectivement, il n’est ni radical ni révolutionnaire. Son programme s’inscrit dans un verdissement du capitalisme, encadrant ses débordements. Mais en aucun cas dans la dénonciation de sa responsabilité dans la crise écologique actuelle, dans la remise en cause de sa raison d’être : l’accumulation des profits et l’exploitation sans fin des ressources naturelles et des humains.
Promettant d’injecter 50 milliards d’euros dans l’économie, sans préciser d’où viendra l’argent (taxe carbone ? ISF remise en place ? Réquisitions ?), Jadot propose « d’accélérer la rénovation des logements ». Mais rien sur les mal-logéEs et la réquisition des logements vacants.
Il veut « déployer les énergies renouvelables ». Mais rien sur la remise en cause de l’appropriation de l’énergie par des grands groupes et la libre concurrence du marché de l’énergie se soldant par l’augmentation dramatique de la précarité énergétique. Et rien sur un service public de l’énergie, géré démocratiquement entre producteurEs et consommateurEs, dans le cadre d’une planification.
Il prône « les mobilités collectives et décarbonées » et veut « interdire la vente de voitures diesel et essence d’ici 2030. » Mais rien sur la gratuité des transports en commun permettant aux plus démuniEs, aux jeunes, aux personnes âgées de se déplacer et qui est indispensable pour réduire l’utilisation de la voiture individuelle et les pollutions qu’elle entraine. Aucune critique sur la voiture électrique et le moteur à hydrogène, véritables mirages qui détournent des vraies questions sur l’augmentation suicidaire des transports.
Jadot espère une « sortie responsable du nucléaire en 15 ou 20 ans ». Au moment même où le gouvernement relance la construction de 6 nouveaux EPR en France, rien pour démonter la propagande offensive et mensongère des nucléocrates de tous bords qui font passer le nucléaire comme une réponse à la crise climatique…
Le vrai réalisme, c’est l’écosocialisme
À mesure que les conséquences des destructions des écosystèmes, du bouleversement du climat, de la dégradation de l’état de l’air, de l’eau, des sols, de la biodiversité… se font de plus en plus présentes et de plus en plus meurtrières, l’urgence de stopper et de réparer ces dégâts devrait devenir de plus en plus centrale dans toute perspective politique qui se veut émancipatrice. Les différents phénomènes observés de la crise écologique sont liés à l’augmentation incessante de la production matérielle et des transports, avec l’accroissement tant de l’appropriation, de l’exploitation et de la destruction des ressources que de la prolifération des déchets et pollutions diverses. Ce constat rend caduque toute politique écologique qui n’inscrit pas le renversement du système dans ses objectifs programmatiques. Notre horizon et notre stratégie intègrent les réponses urgentes à la crise environnementale et la nécessaire rupture avec le capitalisme, c’est le sens de l’écosocialisme.