Publié le Lundi 3 février 2020 à 18h13.

Les Luxfer en lutte pour sauver leur usine et les emplois

L’usine Luxfer de Gerzat est la seule usine du monde à fabriquer des bouteilles de gaz d’oxygénothérapie de haute pression et de très haute qualité pour les pompiers, les hôpitaux et les malades. Le groupe Luxfer Gas Cylinders a décidé de transférer cette activité dans les usines de Nottingham (Royaume-Uni) et de Riverside (États-Unis) et de fermer l’usine de Gerzat.

Il faut savoir que Luxfer a racheté, en 2001, pour un euro symbolique, cette usine à Pechiney (entreprise nationalisée). Ce sont donc les contribuables qui ont financé les machines et le savoir- faire de cette entreprise.

L’entreprise a touché du crédit d’impôt (CICE) à hauteur de 250 000 euros par an, et en touche toujours, étant donné que les règlements des commandes fabriquées par les salariéEs continuent à tomber.

L’État finance donc une entreprise bénéficiaire qui licencie en toute impunité… Une honte !

Et pendant ce temps-là, les actionnaires font travailler cet argent par des fonds d’investissement privés tels que BNP ou encore BlackRock. Eh oui : il faut bien financer les licenciements illégaux devant les prud’hommes, même si Macron les a plafonnés...

Les salariéEs ont réagi

14 mois déjà que les salariéEs de Luxfer sont entrés dans la lutte pour sauver leur usine et les 136 emplois, sans compter les emplois induits. De nombreuses luttes ont eu lieu.

Une première victoire a été obtenue avec le refus par l’inspection du travail du licenciement des 14 représentants du personnel, dont le licenciement pour motif économique a été reconnu comme inexistant car la compétitivité de Luxfer n’est pas menacée et la rentabilité du site est excellente.

La mobilisation, avec le soutien de la CGT et de la CFDT, s’est amplifiée à partir du lundi 20 janvier, avec occupation de l’usine 24 heures sur 24 pour empêcher le démantèlement du site et la casse de l’outil de travail par la direction. 

Le mercredi 22 janvier, un rassemblement de soutien a eu lieu dans l’usine, avec une conférence de presse à laquelle ont participé de nombreuses personnes (syndicalistes, associatifs, partis politiques, éluEs, Gilets jaunes…) . 

Les représentants de la CGT et de la CFDT ont expliqué la situation et ont présenté le projet de reprise de leur entreprise via un projet de Scoop, qui permettrait de sauver dans un premier temps 55 emplois. Ont été décrits aussi le mépris, les insultes et le harcèlement subis par le personnel du site de la part de la direction, avec des conséquences néfastes sur la santé des employéEs, et aucun respect du protocole d’accord signé concernant le reclassement du -personnel licencié et l’avenir du site.

Surveillance de l’outil de travail

La direction et l’État font la sourde oreille quant au projet de reprise des salariéEs : aucune réponse ne leur est apportée afin de faciliter ce projet.

La seule initiative de la direction a été de faire convoquer, au commissariat de Gerzat, les salariéEs en lutte, pour dégradation de l’outil de travail et occupation illégale du site. Ils encourent jusqu’à un an de prison et 30 000 euros d’amende. On croit rêver !

Une nouvelle manifestation a eu lieu le vendredi 31 janvier dans les rues de Gerzat, avec l’appui de l’intersyndicale contre la réforme des retraites, à laquelle plus de 200 personnes ont participé. Les manifestantEs ont décidé d’organiser un pique-nique sur le rond-point proche de l’usine pour être visibles, et de rester là tant qu’il n’y aurait pas de réponses.

Aujourd’hui encore, les ouvriers sont obligés de rester nuit et jour dans leur entreprise pour surveiller leur outil de travail, afin de ne pas le laisser à des actionnaires sans scrupules qui n’hésitent pas à entrer la nuit dans l’usine pour démonter les machines « en scred ». 

Le NPA apporte son soutien à la lutte des salariéEs et demande que cessent les intimidations et la répression. Nous exigeons que Luxfer rende l’argent qu’il a reçu de l’État, et paye pour le maintien des emplois.

 

Pétition en ligne : http://chng.it/RXvTFz6jSv