Depuis deux ans que nous sommes mobilisés contre l’implantation d’Agrexco dans le port de Sète (Hérault), la nouvelle est enfin tombée : Agrexco ne viendra pas ! Et pour cause, la première entreprise israélienne d’export de produits agricoles fait faillite. Il s’agit d’une grande victoire !
Si la campagne BDS France avait fait de cette lutte une de ses priorités, c’est parce qu’elle représentait un exemple flagrant de ce que nous combattons. Répondant à l’appel BDS de la société civile palestinienne de juillet 2005, l’appel de la Coalition contre Agrexco (mai 2009), est à la fois précis sur ses positionnements et ses objectifs, mais suffisamment large pour permettre à des organisations d’y entrer grâce à des angles d’attaque différents (solidarité internationale, choix de développements économiques, écologie…). Au total, 105 organisations ont signé l’appel et la Coalition a reçu le soutien de groupes de solidarité étrangers. L’extension de la lutte au niveau européen a été dès octobre 2009 un axe important, confirmé par le succès du forum européen contre Agrexco de juin dernier en présence du comité national BDS en Palestine et de délégations de onze pays.
Bien sûr, la faillite d’Agrexco n’est pas due uniquement aux actions de boycott, bien que celles-ci soient citées dans plusieurs articles de la presse économique. Après l’annonce de graves difficultés financières avant l’été, plusieurs successeurs potentiels se sont manifestés qui ont finalement abandonné ou ont été disqualifiés par les tribunaux. Les actions de la Coalition sur les terrains juridique et des mobilisations ont porté leurs fruits en ternissant l’image d’Agrexco et en montrant notre détermination à ne pas accepter de commercer avec des criminels.
Notre victoire est aussi l’échec du projet scandaleux du conseil régional et la décision politique de Georges Frêche. Sète devait devenir un des trois ports d’entrée d’Agrexco en Europe pour y importer fruits, fleurs et légumes, une partie venant des colonies. Sioniste assumé, il dégage des subventions publiques, par exemple 45 millions d’euros pour construire des entrepôts frigorifiques pour Agrexco, qui restent vides à ce jour. La région participe aussi au dumping social en offrant dans le port de Sète des servitudes que la combativité des dockers de Marseille ne permettait pas. Cette victoire met aussi sur le devant de la scène des choix de développements économiques très coûteux et contestables du conseil régional. Importer depuis l’autre bout de la Méditerranée des fruits et légumes dans une région agricole, avec un impact écologique certain, au lieu de développer les exploitations locales et les circuits courts de distribution, voila encore une aberration de ce projet. Ajoutez une aide publique de 200 millions d’euros, des emplois promis qui ne verront pas le jour, et vous avez tous les ingrédients d’une mauvaise recette que nous dénoncions depuis le départ !
Ce succès contre Agrexco nous appelle à renforcer avec encore plus de volonté et d’enthousiasme la campagne BDS tant qu’Israël n’appliquera pas le droit international, ne cessera pas l’occupation en Palestine, que les réfugiés n’auront pas un droit au retour effectif et que les citoyens palestiniens d’Israël subiront un régime d’Apartheid. Les cibles comme Agrexco existent par dizaines contre lesquelles nous devons maintenant concentrer nos efforts.
Vincent Mazurek, Francis ViguiéPlus d’info sur : www.resistons.net et www.coalitioncontreagrexco.net