Publié le Vendredi 3 avril 2009 à 18h47.

Allemagne : vers un renouveau du mouvement social ?

Six mois après le début de la crise du système capitaliste, Berlin et Francfort, avec deux grandes manifestations de 30000 et 25000 personnes, ont sonné, samedi 28 mars, le réveil du mouvement social. Ce sont là les premiers signes encourageants de la résistance des salariés qui refusent de supporter de cette crise, et les prémices de la reconstruction du mouvement social.

Depuis le début de la crise, les syndicats, qui auraient les moyens de mettre beaucoup de monde dans la rue, sont restés sans réaction. Ils n’avaient même pas appelé à ces deux manifestations. Il est réjouissant de voir que de nombreux syndicalistes ont manifesté sans et même contre leurs directions. Beaucoup d’adhérents du puissant syndicat de la métallurgie, IG Metall, et du syndicat des salariés des collectivités locales et des services publics, Verdi, avaient amené leurs banderoles. Les points forts de cette mobilisation syndicale ont été les Länder du Sud (Bavière, Bade-Württemberg et Hesse), où des unions locales et régionales avaient appelé à la manifestation. L’appel à manifester a mis la pression sur les directions syndicales, qui devront répondre à l’ampleur de ce mouvement . Pour éviter que sa base ne lui échappe, la bureaucratie syndicale du DGB accentuera donc sans nul doute ses efforts de mobilisation pour la manifestation nationale qu’elle organise le 16 mai à Berlin.

Attac et Die Linke ont fortement influencé la préparation de ces manifestations. Mais Die Linke a peu mobilisé, tout en imposant ses deux leaders, Gregor Gysi et Oskar Lafontaine comme orateurs, ce qui revenait à instrumentaliser les manifestants. Un mauvais signal de plus de la part d’un parti qui a pour horizon les élections générales de septembre et le succès qu’elles lui promettent. Tous deux, sans remettre en question le capitalisme, n’ont fait que proposer des solutions pour le réguler.

Lors de ces deux manifestations, on a vu apparaître, portés par un réseau anticapitaliste et repris par une partie des manifestants, les mots d’ordre de 500 euros de revenu minimum (plus coût du loyer et du chauffage), 30 heures de travail hebdomadaire, 10 euros de salaire horaire. C’est une évolution significative, un chiffrage des revendications partant des besoins vitaux, sans se préoccuper de ce que tel syndicat ou tel parti juge «responsable». Ainsi, le DGB ne veut pas aller au-dessus de 7,50 euros de l’heure, et Die Linke de 435 euros par mois.

La prochaine étape donc est la grande manifestation nationale du DGB à Berlin le 16 mai. L’enjeu pour la gauche syndicale est de réussir à former un bloc important autour de ses revendications (500-30-10), base nécessaire à la reconstruction d’un mouvement social plus combatif.