Publié le Samedi 16 juillet 2011 à 09h46.

Kazakhstan. Grève des pétroliers

Les pétroliers de Kazakhstan demandent des salaires équitables et la nationalisation de leurs entreprises.

Le Kazakhstan est une des économies les plus dynamiques de la Communauté des États indépendants (CEI). De même qu’en Russie, une grande partie de l’expansion économique est assurée par les profits de l’extraction des matières d'hydrocarbures. Les superprofits enrichissent les propriétaires des filiales de la compagnie nationale de gaz et pétrole KazMunaïGaz, mais comme l’a fait remarquer Aïnur Kurmanov, leader ouvrier et socialiste au Kazakhstan, «les masses populaires ne participent pas à la distribution des profits nationaux gagnés de la vente des matières brutes, c’est pourquoi l’augmentation actuelle des prix du pétrole n’a eu aucun effet sur le niveau de vie des Kazakhstanais». Le régime autoritaire de Nazarbaev réprime avec toujours plus d’atrocité les manifestations ouvrières et préserve les conditions nécessaires pour que les oligarques locaux et le capital étranger continuent de dévaster les ressources naturelles du pays. En dépit de cela, les protestations ouvrières deviennent plus massives et plus résolues d’année en année. Les réclamations économiques sont de plus en plus souvent complétées par la demande politique de la nationalisation des entreprises.

Une étape importante dans le développement du mouvement ouvrier au Kazakhstan a commencé en 2008 avec le conflit dans les entreprises pétrolières de la région de Mangistau à l’ouest du pays. Les pétroliers de la région travaillent dans des conditions dures et dangereuses, sont obligés de passer jusque six heures par jour dans les transports et ne gagnent qu’environ 700 dollars par mois. En mars 2010, une grève a été tenue à Ozenmunaïgaz sous les revendications de nationalisation et de contrôle ouvrier. En mai 2011, les ouvriers de Karajanbasmunaïgaz se sont mis en grève. Celle-ci s’est progressivement répandue dans les autres entreprises de la région. Chaque jour, au moins 15 000 salariés sont en grève, et à certains moments ce chiffre monte jusqu’à 18 000.

Les grévistes demandent l’augmentation des salaires, des forfaits de salaires pour les pétroliers et les fonctionnaires de la région (médecins, enseignants etc.), la nationalisation des entreprises et leur réunion dans une seule structure, l’arrêt des répressions contre les grévistes et le syndicat, la réintégration des licenciés, l’abandon des charges contre la juriste syndicale Natalia Sokolova et le militant du syndicat Ozenmunaïgaz Akjanat Aminov.

Le gouvernement a déployé des répressions féroces contre les grévistes. Les meetings sont dispersés par la police et les troupes du ministère de l’Intérieur, les gens sont battus dans les rues. Les militants ouvriers sont filés. Natalia Sokolova et Akjanat Aminov sont derrière les barreaux: comme plusieurs autres militants, ils sont accusés d’«incitation à la haine sociale». Aïnur Kurmanov et les autres leaders du Mouvement socialiste de Kazakhstan sont aussi menacés de poursuite pénale.

Akjanat Aminov est en train d’être littéralement tué en prison: diabétique, on lui a refusé l’aide médicale et on ne lui autorise pas les injections d’insuline.

L’agression contre les grévistes continue. Le8 juillet, des forces considérables de police et d’intervention rapide ont essayé de liquider le camp des grévistes et des grévistes de la faim sur le territoire de l’entreprise Ozenmunaïgaz. Les grévistes et les licenciés qui protégeaient les jeûneurs ont été violemment battus par les policiers. Tôt le matin du 10 juillet, les détachements d’intervention rapide ont repris leur attaque du camp des jeûneurs, alors que plusieurs d’entre eux étaient endormis, et les ont de nouveau battus.

Malgré la férocité abominable du gouvernement, les ouvriers kazakhstanais ne se laissent pas abattre. Chaque jour, de nouveaux participants rejoignent le mouvement. 5 000 à 6 000 pétroliers en grève et leurs familles tiennent un meeting permanent sur la place de l’Indépendance près de l’akimat (organe régional de pouvoir exécutif) de la ville de Janaozen.

Selon les grévistes, des forces considérables du ministère de l’Intérieur sont rassemblées contre les manifestants sur la place de l’Indépendance, y compris des commandos et du matériel lourd. Les pétroliers en grève ont un besoin urgent de solidarité internationale. Chaque lettre, chaque réaction apportent un appui essentiel à la grève.

Ilia Matveev, Mouvement socialiste de Russie (RSD), Moscou

Envoyez des lettres de protestation:

- à l’akim de la ville de Janaozen, Babakhanov Jalgas Bisalievitch

Fax: + 7 72934 31-350

- au président de la République du Kazakhstan, Nursultan Nazarbaev. Au Chef de l’administration présidentielle, Moussine Aslan Iepsulaïevitch, bât. «Akorda», rive gauche de l’Ichim, Astana, Kazakhstan.

tél.: +7 717274 55 24, +7 7172 74 56 67

courriel: umirzhanov@ilo.org

Envoyez une copie à matveev.ilya@yahoo.com