Au Danemark, il y a eu une vague d’initiatives de solidarité avec les réfugiés. Début septembre il y a eu une intensification de l’aide apportée. En partie parce qu’il y avait de gros groupes de réfugiés entrant au Danemark, et en partie parce que beaucoup de réfugiés refusaient de se faire enregistrer. Cela a conduit beaucoup de personnes à descendre dans le sud du Danemark pour aider les réfugiés qui souhaitaient passer en Suède, ou leur venir en aide dans les différentes gares. Beaucoup de réfugiés souhaitent aller en Suède, donc le Danemark est principalement un pays de transit pour eux. À un moment donné, la police a arrêté les procédures d’enregistrements et la convention de Dublin s’est retrouvée sans effet. Cela a rendu difficile l’estimation du nombre de réfugiés venus dans les derniers mois – mais il s’agit assurément de plus de 30 000 personnes.
Il existe quelques gros groupes d’aide aux réfugiés, comme Refugees welcome, welcome to Denmark et Help us help refugees, mais de plus petits groupes locaux ont également été créés autour de différentes activités militantes. Tous dans le but d’aider les réfugiés.
À côté de ces initiatives nous avons beaucoup de groupes locaux sous le nom de « friendly residents1 », dont les activités se sont principalement développés sur Facebook. Ils existent à l’échelle locale dans beaucoup de villes et de centre-villes et autour de besoins spécifiques comme la traduction, le conseil juridique, etc.
Il y a eu deux manifestations majeures dans les derniers mois, l’une rassemblant 40000 personnes et l’autre 25000 personnes. Ces manifestations appelaient à de meilleures conditions pour les réfugiés, étaient politiquement large, et organisée à partir de nouveaux groupes sporadiques.
Il y a également eu un petit centre d’aide aux réfugiés dans la gare centrale de Copenhague pendant quelques semaines mais il a été fermé, et maintenant deux équipes de volontaires se relaient pour aider les réfugiés jour et nuit. Des négociations avec la compagnie de train danois pour obtenir de l’espace dans la gare centrale ont été menées, mais pour le moment nous n’avons rien obtenu. Il y a pourtant encore chaque jour quelques centaines de réfugiés qui viennent à la gare centrale.
Cette situation pourrait changer si la Suède changeait sa politique de frontières. Selon notre expérience la police n’enregistre pas la majorité des réfugiés, surtout quand ils arrivent en gros groupes.
À côté de ces grands évènements, beaucoup d’autres activités ont été menées. Différentes personnes sont parties en Grèce comme volontaire. Certains ont envoyé des billets de train en Hongrie. D’autres ont envoyé des informations sur les règles du droit d’asile de l’Allemagne, du Danemark et de la Suède en Macédoine, Serbie, Syrie et en Grèce. Certains ont stocké des provisions pour aider les réfugiés au Danemark, tandis que d’autres ont envoyé des produits dans le sud. Il y avait un groupe d’environ 60 réfugiés syriens qui protestaient à l’extérieur du bureau de l’immigration ; nous avons organisé avec eux une manifestation pour la réunification familiale et nous les avons aidés à organiser la fête de l’Aïd. Il y a eu des protestations quand les gens ont été expulsés, et une fois le pilote a même refusé de voler. Des « cafés linguistiques » se sont tenus, au cours desquels on pouvait apprendre des langues différentes. Il y a également eu beaucoup de débats publics sur ces sujets.
Le Danemark ne manque pas encore d’espace dans les centres d’asile gouvernementaux donc il n’y a pas encore besoin de campements alternatifs pour le moment, mais les choses peuvent rapidement changer.
De manière générale le débat public n’est plus autant concerné que pendant la « crise des réfugiés », et le gouvernement de droite met encore en application des lois sévères pour les réfugiés et les immigrés. Mais on peut voir grâce aux statistiques que le public a beaucoup changé sur la question de l’accueil des réfugiés, puisque plus de la moitié de la population maintenant est en faveur de l’accueil d’un nombre plus important de réfugiés au Danemark. L’un de nos gros objectifs est maintenant le « droit » d’aider les réfugiés. Parce que beaucoup de personnes commencent à être arrêtées pour avoir aider les réfugiés, que ce soit dans le pays ou à la frontière avec la Suède.
Pour unir les forces et mieux se coordonner au Danemark, une réunion commune entre les différentes structures de soutien aux réfugiés aura lieu plus tard ce mois-ci.
Welcome to Denmark a participé à Bruxelles à une réunion internationale regroupant les associations de solidarité envers les réfugiés de l’Europe entière ; les participants venaient de dix pays différents. Le réseau a alors pris le nom de Welcome to Europe. Le mouvement a été international depuis le début, à la fois parce qu’il existe partout en Europe, mais aussi parce qu’il y a une coordination concrète aux frontières. Mais il y avait un besoin de réunir les initiatives de toute l’Europe, de renforcer les liens, de formuler des revendications politiques aux frontières, et de coordonner encore mieux les activités. C’est ce que ce réseau essaie de faire.
Beaucoup de membres de l’alliance rouge-verte et le SUF2 (les jeunes) ont été actifs dans le mouvement. Le SUF a été particulièrement prompt à réagir et a construit le mouvement dans une direction progressive. Cela signifie construire la structure organisationnelle, coordonner les aides et s’assurer que le mouvement formule des positions/revendications politiques. C’est ce qui a pu se faire avec le réseau Welcome to Denmark. Une plateforme politique a été formulée, qui revendique des meilleures conditions pour les réfugiés et les migrants, le droit de leur apporter l’aide et a statué que le maillot de corps (la gauche je pense…) a aussi sa responsabilité dans la crise qui a forcé les gens à fuir.
Les membres de la section danoise SAP ont aussi été actifs dans le mouvement, en particulier les jeunes.
Nicolas Jones Pedersen
Militant de Welcome in Denmark, du SUF et du SAP, et participant de la réunion internationale Welcome to Europe
Traduction Agatha