Publié le Vendredi 29 mai 2009 à 23h01.

Parti socialiste : dans la nasse ...

Le Parti socialiste est annoncé en difficulté aux prochaines élections européennes. Les sondages le ramènent peu à peu vers la barre des 20%. 

 

 

Le Parti socialiste dirige la quasi-totalité des régions, une majorité de départements et presque toutes les grandes villes. Surtout, alors même que le pays traverse la plus grave crise économique depuis des décennies, le PS ne parvient pas à apparaître comme un recours. Non pas pour incarner une quelconque alternative, cela fait bien longtemps que plus personne ne le pense, mais il est même incapable de représenter une solution institutionnelle de rechange à l’UMP de Sarkozy.

Une première explication apportée par Manuel Valls, le 24 Mai, mérite attention : « Je fais partie de ceux qui considèrent que le PS s'est trop opposé. » A défaut de s’opposer, il faut au moins reconnaître une certaine capacité au député-maire d’Evry à oser dire n’importe quoi. Prudemment, la dépêche AFP reprenant cette intéressante citation s’abstenait de produire un quelconque exemple d’opposition. Mais cette curieuse approche, pour un dirigeant du principal parti d’opposition (enfin en principe), n’est pas isolée. Elle a été largement reprise à son compte par la première secrétaire; Martine Aubry. Sans doute lassée d’être devancée dans l’opposition à Nicolas Sarkozy par Olivier Besancenot ou François Bayrou, la voilà elle aussi partisane des néologismes, avec un statut autoproclamé de « première proposante ».

La seconde explication, moins charitable, consisterait à reconnaître, en particulier en matière de construction européenne, que le Parti socialiste ne défend pas un projet différent de l’UMP sur le fond. Sans remonter jusqu’au Traité de Rome, des accords de Maastricht, en passant par le traité constitutionnel européen, ou dernièrement le traité de Lisbonne, les socialistes européens approuvent. Un petit malin s’est amusé à décortiquer les votes au Parlement européen dans la dernière période. Sur plus de 500 textes, le groupe socialiste et celui du PPE (auquel appartient l’UMP) ont voté en commun dans 97% des cas. On comprend mieux alors la difficulté, pour le Parti socialiste, à se démarquer un tant soit peu de l’UMP sur les questions européennes.

Alors, que nous suggère « la première proposante »? Eh bien, comme à chaque fois, le Parti socialiste refait le coup du vote utile. « Tout ça pour ça », a-t-on envie de dire. Et Martine Aubry de déclarer qu’il ne sert à rien de voter pour des listes qui ne recueilleront que 7 à 8%, car elles auront peu d’élus. Notons au passage que ce brillant raisonnement permet tout de même le vote Modem, éventuellement le vote pour la liste des Verts. Une nouvelle fois, il s’agit de culpabiliser l’électorat de gauche, mais aussi de tenter de marginaliser les partis comme le NPA qui, demain, sauraient faire payer toute alliance du PS avec François Bayrou.

Mais il n'est pas sûr que cela fonctionne à chaque fois. Il reste quelques jours de campagne, pour convaincre que le vrai vote utile est celui en rupture avec la construction européenne actuelle, en rupture avec un système capitaliste qui précipite des millions de salariés dans la précarité et le chômage dans toute l’Europe. Définitivement, « ce n’est pas à nous de payer leur crise ».