Publié le Mercredi 3 décembre 2025 à 11h00.

Bloquons et censurons ce PLFSS de casse sociale !

Une seule certitude, le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale, le PLFSS, sera un budget de guerre contre nos retraites, le droit à la santé et les personnels du soin. 

Et cela quelle que soit la manière dont Lecornu le fera passer : vote par les deux chambres, avec ou sans le soutien du PS, retour du 49.3, ordonnances ou loi de finances spéciale si les deux chambres ne votent pas le texte avant le 12 décembre. Il faut le bloquer et le censurer !

Une purge sur les budgets sociaux

Alors que le budget de la défense va doubler en dix ans, passant de 32 milliards en 2017 à 64 milliards en 2027, le PLFSS  propose une purge sans précédent de 7,1 milliards sur les budgets sociaux.

Diminuer le coût du travail, creuser le déficit de la Sécu, autant de prétextes pour baisser les dépenses de santé et attaquer nos retraites. Toujours faire payer plus les malades, les salariéEs, les retraitéEs, c’est l’objectif du doublement des franchises médicales ou des attaques contre les arrêts maladie… Voilà l’horizon du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Aujourd’hui, seule la partie recettes du PLFSS  a été adoptée dans les délais, le projet a donc été transmis au Sénat. Comme on pouvait s’y attendre, le Sénat dominé par la droite a supprimé le décalage de 3 mois de la réforme des retraites, qui avait servi de prétexte au PS pour ne pas censurer Lecornu et son budget de super austérité. Il a aussi rétabli la taxe de 1 milliard d’euros sur les complémentaires santé pour 2026, synonyme de nouvelles hausses des tarifs des complémentaires, et ramené le déficit prévu pour la Sécu dans les clous du projet Lecornu, avec le retour de près de 7 milliards d’euros d’économies sur le dos du budget Sécu.

Notre santé au bord de l’abîme

Le budget de la santé est déjà exsangue, à l’image de ce qui se passe aux urgences. Ce  budget risque de le tuer. À Caen, faute d’encadrement médical suffisant, il n’y aura plus d’internes aux urgences, rendant l’accueil des patientEs encore plus difficile. Au CHU de Toulouse, faute d’effectifs, les urgences n’accueillent plus que les cas les plus graves. Mais comment savoir ? La conséquence, on la voit aux urgences de Rouen, où une vieille dame de 99 ans passe plus de 64 heures sur un brancard, alors qu’on sait qu’une seule nuit passée sur un brancard augmente de 40 % la mortalité des personnes âgées. À Riom, en cardiologie, le chef de service démissionne. Il était le seul médecin restant pour faire tourner le service !

Danse du PS avec Lecornu

Pour essayer de sauver son budget d’austérité, Lecornu peut aussi revenir sur sa promesse de ne pas utiliser le 49.3, au grand soulagement du PS qui n’aurait pas à voter directement le budget, ou négocier sur le doublement des franchises médicales, qu’il pourra toujours ressortir par ordonnances une fois le vote acquis du PS ! Marchés de dupes que les députéEs LFI ont bien raison de dénoncer. Le problème, c’est que la dénonciation du PS et les nombreux communiqués de « victoire » de la LFI pour chaque vote « gagné » au Parlement ne font pas une politique gagnante sur les revendications. Car le Sénat se fait fort immédiatement d’annuler toutes ces « victoires » ! Et ces déchirements de la gauche désorientent et démobilisent. Seule la mobilisation unitaire peut entraîner un rapport de forces qui n’existe pas au Parlement.

Reconstruire une mobilisation unitaire

C’est d’abord la colère sociale et l’exigence du partage des richesses, illustrées par le surgissement de Bloquons tout et le débat autour de la taxe Zucman, qui avaient accueilli l’annonce de ces budgets de misère. Mais l’absence de perspective, la rupture du front syndical, les incertitudes parlementaires et l’offre de service du Parti socialiste à Lecornu auront eu raison de cette première vague de mobilisation. Aujourd’hui, c’est l’attentisme, la division syndicale et politique qui prime, avec un 2 décembre loin d’être à la hauteur. Pour imposer un budget de sortie de la crise sanitaire ou la retraite à 60 ans, pour s’opposer à l’extrême droite qui attend son heure en surfant sur une colère sociale qu’elle détourne contre les immigréEs, pas d’autre voie que de construire les conditions d’une nouvelle vague unitaire de mobilisation, sociale et politique.

Commission Santé Sécu Social