Contrairement aux dernières municipales, le Front de gauche avait fait stratégie commune face au PS pour le premier tour des départementales. Mais cet accord aura été de courte durée, se fracassant en particulier sur les choix du PCF pour sauver un maximum d’éluEs.
Au soir du premier tour des élections départementales, la représentation départementale du Front de gauche était d’ores et déjà affaiblie. 22 départements n’avaient plus, dès le premier tour, d’éluEs à la gauche du Parti socialiste, et le second tour se présentait très difficile pour une majorité de candidatEs toujours en lice. Face à cette situation, les désaccords ont de nouveau éclaté.
Il faut sauver le soldat PCFPrenant prétexte des dangers du retour de la droite et de la montée du FN, le PCF a renouvelé pour le second tour le rassemblement avec le PS, affirmant que : « Quand nous sommes devant le danger devant lequel nous nous trouvons, c’est-à-dire beaucoup de départements qui peuvent passer à droite, voire des départements qui peuvent être gagnés par le Front national, moi je dis qu’il ne faut pas mégoter avec le fait de faire barrage à cela. » (Pierre Laurent).Dès le début, le Parti de Gauche a refusé cette stratégie de rassemblement pour faire barrage aux candidatEs de droite. Éric Coquerel écrivait : « le traditionnel désistement républicain n’a guère de sens quand des candidats “de gauche” soutiennent un gouvernement qui fait une politique de droite ». Un désaccord allant jusqu’au refus du PG de donner une consigne de vote dans les duels gauche-droite : « ce sera donc aux candidats du PS de convaincre nos électeurs de l’utilité de voter pour eux contre la droite », car « la situation réclame une grande lisibilité ». Une position peu entendue par la direction du PCF, allant même dans certains cantons, comme à Montreuil ou à Saint-Denis, jusqu’à imposer le retrait des candidatEs FdG... face au PS. Des accords PS-PCF de retrait réciproque faits semble-t-il dans le plus grand secret, mettant encore plus à mal l’unité et la crédibilité du FdG, comme l’indique Ensemble Saint-Denis dans un communiqué : « On ne construit rien en capitulant et en signant des accords avec le PS, dans le secret, sans même en informer les partenaires du Front de gauche ». Ambiance...
Stratégie perdante ?Le Front de gauche comptait 234 conseillers généraux (dont 220 communistes) répartis dans 61 départements avant le scrutin. Au soir du second tour, il ne lui en reste que la moitié, pour l’essentiel perdus dès le premier tour, et n’est plus présent que dans une petite trentaine de départements. Il était à la tête de deux départements, il conserve de peu le Val-de-Marne et perd l’Allier. En regardant d’un peu plus près, il perd proportionnellement presque autant de sièges que le PS (24,8 %).Pourtant, le « PCF et le Front de gauche sont donc la 3e force politique en termes d’élus, derrière l’UMP-l’UDI, le PS, et loin devant le FN », se félicite le PCF dans un communiqué. Une piètre consolation alors que les départementales confirment le rejet du gouvernement, du PS et de l’ensemble de ses alliés...
Sandra Demarcq