Publié le Mercredi 22 mars 2023 à 08h55.

Le pouvoir frappe fort : on ne se laissera pas faire !

Depuis le recours au 49.3, et davantage encore depuis le rejet de la motion de censure à l’Assemblée nationale, le pouvoir a décidé de taper fort sur la mobilisation : arrestations ciblées de militantEs, interpellations massives dans les manifestations, déchaînement de violences policières… Le gouvernement est ultra-minoritaire et le sait, et comme la mobilisation est loin de faiblir, il n’a d’autre choix, s’il entend aller au bout de son passage en force sur les retraites, que de frapper, dissuader, intimider.

Depuis deux mois et le début de la mobilisation pour la défense de nos retraites, certains glosaient sur le fait que la police serait étonnamment discrète, conséquence d’un « changement de doctrine » au niveau du ministère de l’Intérieur et, partant, des préfectures. S’il est vrai que les manifestations se déroulaient globalement mieux que lors des précédentes mobilisations d’ampleur, entre autres et notamment le mouvement des Gilets jaunes, nous étions toutefois loin d’une situation « apaisée » : violences contre des manifestantEs, affrontements réguliers dans certaines villes (Rennes, Nantes, Paris…), interventions contre des blocages, etc. 

Déchaînement de violences 

La violence et la pression n’avaient donc jamais disparu, même si leur intensité était beaucoup plus basse que ces dernières années, en raison notamment de la massivité des manifestations et de la « largeur » de l’arc intersyndical. Mais force est de constater que, depuis quelques jours, le ton a changé, avec notamment le retour remarqué des sinistres BRAV-M dans les rues de Paris.

Jeudi 16 mars au soir, ce sont ainsi 310 personnes qui ont été interpellées, dont 292 à Paris. Samedi soir, on comptait 169 interpellations, dont 122 à Paris. Lundi soir, 287 interpellations, dont 234 à Paris. Et rien ne semble indiquer, à l’heure où ces lignes sont écrites, que la tendance va s’inverser.

Il s’agit de toute évidence non seulement de faire du chiffre mais aussi de faire peur, de dissuader. Ces interpellations se déroulent en effet dans le cadre d’interventions particulièrement violentes, avec usage massif de gaz, coups de matraque et tirs de LBD, et des scènes de violences qui rappellent la répression des Gilets jaunes. Un déchaînement qui fait dire à un CRS, cité par Mediapart, à propos des BRAV-M : « Ils mettent le bordel plus qu’autre chose. Ils matraquent dans tous les sens. Après ce sont des collègues parfois mais on n’a pas le même état d’esprit. Il y a pas mal de policiers passés par la BAC dans leur rang et formés à aller au contact, peu importe qui ils ont en face. C’est cela le danger. »

Faire front face à la répression 

Nous ne sommes pas de ceux qui tentent de distinguer entre les bons CRS et les mauvais BRAV-M. Ces corps de répression sont là pour mater la contestation sociale, et nous n’avons aucune raison d’espérer de leur part autre chose que de la violence. Mais le fait que certains, au sein même de ces forces de répression, en viennent à s’inquiéter, en dit long…

D’autant plus que ces violences s’accompagnent d’interventions ciblées contre des actions, voire contre des militantEs à leur domicile, comme cela a été par exemple le cas à Marseille contre des syndicalistes de la CGT énergie. Il s’agit bien d’une politique globale, et non d’incidents liés à des flics beaucoup trop zélés ou un peu trop fachos : le pouvoir sait qu’il est sur la corde raide, et il a fait le pari, à défaut d’avoir réussi à convaincre, d’une répression d’ampleur pour faire taire la contestation.

Dans une telle situation, il est de la responsabilité de la gauche sociale et politique de s’opposer, de manière unie, à cette nouvelle offensive contre nos droits démocratiques. Et il est essentiel de se serrer les coudes, de s’organiser partout pour réagir collectivement face aux violences, face aux interpellations, face aux mises en garde à vue : s’ils touchent à l’un ou l’une d’entre nous, c’est à l’ensemble du mouvement qu’ils s’attaquent. Nous ne reculerons pas, nous ne nous laisserons pas intimider, nous ne lâcherons rien !