Depuis un mois, le buzz s'amplifiait : on allait voir ce qu'on allait voir ! Gouvernement et médias nous jouaient « super-Sarkozy s'attaque aux rémunérations des grands patrons rapaces ».
La « moralisation du capitalisme » (sic) allait franchir une étape décisive. Il faut dire qu'en temps de crise, de stagnation des salaires et de plans de licenciements massifs, les annonces répétées des revenus astronomiques des dirigeants d'entreprise alimentent l'exaspération sociale qui monte.
Tout ça pour ça ! Seule une petite dizaine d'entreprises ayant bénéficié d'aides de la Société des prises de participation de l'Etat - principalement les banques et les deux constructeurs automobiles - est vraiment concernée par le décret Fillon. Et uniquement jusqu'en 2010 car, à cette date, c'est sûr, la crise sera finie… En plus, les mesures prises sont limitées à l'interdiction (temporaire, donc) de distribution de stock-options et d'actions gratuites. Pour ce qui est des bonus et des indemnités de départ, ils seront « strictement encadrés » ! Pour les autres patrons, on fera confiance au code de bonne conduite du Medef…
Comme on le voit, il s'agit d'un pur effet d'annonce. Et encore, l'annonce s'est-elle dégonflée au fil des semaines ! A aucun moment, il n'a été question de toucher vraiment ni aux dividendes ni aux rémunérations des hauts dirigeants. Car sinon, selon Fillon, « on entre dans un autre modèle économique »… C'est bien cela le problème ! Entrer dans un autre modèle n'est évidemment pas dans les intentions du gouvernement, ni dans celles des différents gouvernements du G20. Avant ce sommet, Nicolas Sarkozy a reçu les dirigeants syndicaux français. On comprend bien son intention : afficher un consensus national. On ne peut que regretter que les dirigeants syndicaux se soient prêtés à cette mascarade.
L'heure n'est pas au replâtrage du système, mais à la mobilisation. Avec une conviction : pour s'attaquer réellement à la crise du capitalisme, il faut s'attaquer au capitalisme.