Publié le Samedi 20 avril 2013 à 11h49.

Tunisie : Téléperformance, dégage !

Mission accomplie pour les syndicalistes de l'Union générale tunisienne du travail de Téléperformance : 80 % des salariés de ce centre d'appel implanté se sont mis en grève du 1er au 3 avril derniers.Depuis le 26 février, il règne dans l'entreprise un climat tendu. Ce jour-là, au terme d'un simulacre de conseil de discipline pour licencier deux salariés ayant respectivement 10 et 11 ans d'ancienneté, les délégués syndicaux ont entamé un « sit-in », occupant une salle du siège. Neuf jours durant, ils ont cessé de s'alimenter pour dénoncer l'arbitraire patronal (voir article dans Tout est à nous ! N°187).Immédiatement, un mouvement de solidarité s'est organisé pour soutenir le « sit in » des délégués syndicaux : brassards rouges, journées de grève de la faim se sont succédés sur les six sites que compte l'entreprise… Le 26 mars, au début du forum social mondial, des sections syndicales venues des quatre coins du monde sont venues saluer la mobilisation des « Téléperformance », et notamment le plus connu des syndiqués français des postes et télécommunications, le facteur Olivier ­Besancenot.La révolution bien présenteOutre l'annulation des licenciements abusifs, les salariés tunisiens exigent l'application d'une grille de qualification, qui prendrait en compte l'ancienneté dans les salaires. Ils réclament aussi l'amélioration des conditions d'hygiène et de sécurité : sur les 5 500 salariés de TP en Tunisie, 90 personnes sont atteintes de surdité du fait de leur exercice professionnel !TP tente de tirer profit de la situation révolutionnaire en Tunisie pour accroître sa pression sur les salariéEs et empocher le jackpot. La nouvelle direction refuse par exemple de respecter les accords salariaux passés entre l'UGTT et l'ancienne direction.Cette grève massive montre qu'elle a sous-estimé la combativité des jeunes tunisiens, qui, forts de l'expérience révolutionnaire de 2011, ne se laissent plus marcher sur les pieds. Une syndicaliste de TP finissait d'ailleurs son discours par ces mots : « Si TP veut nous faire travailler comme des esclaves, alors nous lui répondrons comme à Ben Ali : Dégage ! »Correspondante