De Julie DUCOURAU (AFP) – 12 févr. 2010
GUÉRET — Réunissant PCF, Parti de gauche (PG) et NPA, la liste "Limousin, terre de gauche", que Jean-Luc Mélenchon est venu soutenir vendredi à Guéret, vise un très bon score aux régionales, après des européennes où la gauche radicale, alors divisée, avait obtenu 17% des voix.
C'est l'une des trois seules régions où la gauche de la gauche se présente unie au scrutin de mars. Si en Languedoc-Roussillon Georges Frêche (DVG) a facilité l'alliance et qu'en Pays de la Loire les communistes sont divisés, le Limousin a la particularité de réunir militants communistes, "PGistes" et anticapitalistes sur la simple volonté d'être ensemble.
"Chacun des trois cas va être un cas d'école", estime auprès de l'AFP, Jean-Luc Mélenchon, président du PG qui cherche, avec difficulté, depuis son départ du PS en novembre 2008, à réussir un "Die Linke" à la française (La Gauche en Allemagne).
Le Limousin, "c'est le moins visible mais le plus spectaculaire", poursuit-il, souhaitant "mettre la loupe" sur cette région qui "peut être le lieu d'une belle avancée".
Aux europénnes de juin, le Front de gauche PCF-PG (10%) et le NPA (6,9%) avaient, à eux deux, pratiquement atteint 17% des suffrages dans cette région traditionnellement ancrée à gauche, marquée par la résistance à l'occupation nazie et la politisation des luttes sociales.
"Si la somme se fait, on jouera dans la cour des grands", se réjouit M. Mélenchon, avant de visiter une coopérative de vaches limousines.
A tout juste un mois du premier tour (14 mars), les militants locaux visent aussi un score à deux chiffres, "même si on ne peut pas faire une addition pure et simple" des européennes, explique Christian NGuyen, tête de liste NPA au scrutin de juin dernier.
"Notre liste, ce n'est pas une unité de façade mais une unité programmatique" dans une "région vieillissante" confrontée à la désertification avec "des gares et bureaux de Poste qui ferment", argue ce membre de la direction du parti d'Olivier Besancenot.
"Le travail, pas simple, s'est fait sans drame particulier", assure Christian Audouin (PCF), tête de liste régionale de l'union PCF-PG-NPA qui compte aussi les Alternatifs et Objecteurs de croissance.
Ce conseiller régional sortant, au départ favorable, comme en 2004, à une alliance de premier tour avec le président PS sortant, Jean-Paul Denanot, s'est finalement rallié "à la volonté des militants" qui ont voté en novembre à près de 90% pour une liste autonome des socialistes.
Le bilan de la région est "porteur de l'empreinte communiste sans qu'on ait pu tout réussir", reconnaît-il, soulignant que la liste "Limousin, terre de gauche" constitue "l'opportunité de faire bouger le curseur" plus à gauche.
Mais au NPA, on tire un "bilan négatif" de la dernière mandature. Et M. NGuyen souligne que les candidats NPA qui seront élus travailleront "en toute indépendance du PS et ne seront pas pieds et mains liés, notamment lors du vote du budget".
Tous sont favorables à une fusion avec le PS et Europe Ecologie au 2e tour mais "conditionnée par la qualité de l'accord politique et programmatique", selon M. Audouin.
Après les régionales, la question se posera d'une prolongation de l'alliance pour 2012. "Ce que nous avons fondé ensemble laissera des traces", confie M. Audouin. "C'est peut-être possible" pour les législatives, juge M. NGuyen, rappelant l'alliance LCR-PCF en 2007 dans la Creuse.
Mais, dit-il, "on sait aussi que la présidentielle est un élément de légitimité de chaque parti".
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