Publié le Vendredi 16 décembre 2022 à 12h00.

Occupation des écoles : à Grenoble comme ailleurs, reprendre l’offensive pour la défense des élèves migrant·E·s !

Depuis des années, les mobilisations de défense des élèves migrantEs construites autour du Réseau Éducation sans frontières (RESF) piétinaient.

À l’initiative de parents d’élèves (FCPE), de syndicats et de collectifs locaux, RESF avait permis de coordonner des milliers d’actions, de protéger et faire régulariser de nombreuses familles sans-papiers. Mais face aux politiques racistes de plus en plus sévères, l’épuisement se faisait sentir, particulièrement sur la question du logement dont sont privées de plus en plus de familles, entre désengagement de l’État (hébergement du 115 sous-doté) et des départements (de plus en plus restrictifs quant aux contours de la « sauvegarde de l’enfance »). Les collectifs RESF en sont souvent arrivés, soit à se retrancher sur de l’action humanitaire (loger…), soit à renoncer à mobiliser faute de pouvoir traiter cette exigence essentielle.

Abriter les élèves et leurs familles au sein des écoles

Prendre de front cette question a été l’axe choisi fin août par le Réseau national d’aide aux élèves sans toit, formé entre autres par le collectif lyonnais Jamais sans toit et la FCPE. Dans un appel accompagné d’un « toitoriel » très utile, il encourage à abriter les élèves et leurs familles au sein des écoles. Ce mouvement a pris, et il n’est pas pour rien dans le recul du gouvernement qui a renoncé à fermer 14 000 places d’hébergement.

Grenoble est une ville où les luttes sur le logement sont vives (DAL très actif) et où une inter­syndicale CNT-FSU-Sud avait déjà testé des occupations. La dynamique nationale a permis d’accentuer le mouvement. Depuis octobre, 6 écoles ont été occupées, hébergeant 9 familles, et le mouvement s’amplifie.

Mobiliser les enseignantEs pour gagner

Les perspectives sont complexes. Au-delà de quelques victoires, il ne s’agit pas de s’épuiser en se substituant aux institutions, mais bien de peser sur elles pour imposer des solutions. Ces actions mettent en lumière la terrible réalité vécue par des milliers d’enfants en France. Elles regroupent dans la lutte autour d’une école les familles à la rue, des parents, des personnels, des organisations (syndicats, FCPE, DAL). Un enjeu pour gagner est la mobilisation des enseignantEs mêmes. Les pressions hiérarchiques et l’épuisement de la profession rendent difficile leur investissement dans ces luttes. La présence offensive des syndicats est donc essentielle. L’autre enjeu prioritaire est la création de liens entre les collectifs à l’échelle des agglomérations comme à l’échelle nationale.

Un réseau national se construit, tente des initiatives comme le 20 novembre (journée mondiale de l’enfance). Une nouvelle date se dessine pour le 24 janvier. Cette structuration doit contribuer à mettre la pression non plus sur les familles et leurs soutiens mais sur le gouvernement, les départements et autres collectivités territoriales dont les politiques doivent être dénoncées pour ce qu’elles sont : des attaques insupportables contre les droits, racistes et inhumaines.