Au début des années 2000, pour de nombreux PalestinienNEs le processus de paix issu des accords d’Oslo en 1993 est une impasse : report constant et systématique de toute avancée sur les revendications palestiniennes, continuation de la colonisation et des implantations en territoires occupés.
Ces non-avancées combinées à des itérations de plus en plus à droite des différents gouvernements israéliens ont été à l’origine de la deuxième Intifada réprimée durement par le régime. Pour ces PalestinieNEs, la voie de l’action devait changer par une pression internationale et des sanctions bien plus fortes pour faire céder l’État israélien.
Solidarité contre l’apartheid
En 2001, lors du forum mondial contre le racisme à Durban organisé par l’Unesco, des vétérans de la lutte contre l’apartheid ont établi des parallèles entre les pratiques israéliennes et celles de l’État raciste sud-africain, recommandant des campagnes de boycott similaires à celles qui ont joué un rôle clé dans leur stratégie internationale. Pour les militantEs sud-africainEs, la multiplication des checkpoints et la fragmentation du territoire enferment les PalestinieNEs dans des enclaves qui semblaient familières à celleux qui avaient vécu l’apartheid jusqu’à une décennie plus tôt.
Ainsi à Durban a commencé à émerger une stratégie qui, pour la première fois depuis cinquante ans, a engagé les PalestinienEs directement avec des militantEs impliqués dans une solidarité organisée par en bas et susceptible de déboucher sur des résultats concrets. L’essor du mouvement antiguerre en 2003 contre l’agression américaine en Irak et la décision de la Cour internationale de Justice de condamner le mur de séparation en Cisjordanie en 2004, a ouvert de nouvelles possibilités sur la scène internationale.
Un appel qui date de 2004
En 2004, un petit groupe d’universitaires et d’écrivains a lancé la Campagne palestinienne pour un boycott académique et culturel d’Israël (PACBI). Cette campagne a connu un succès immédiat. L’année suivante, le Comité national palestinien Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BNC) a été créé, appelant à un boycott mondial des produits et des entreprises israéliens et à la mise en place d’un système de sanctions, un boycott mondial des produits et des entreprises israéliens et à prendre des mesures contre les entreprises qui commercent ou investissent en Israël.
Cet appel sort le 9 juillet 2005, pour lequel 170 organisations de la société civile palestinienne basées en Cisjordanie, à Gaza, en Israël et dans plusieurs pays abritant des camps de réfugiéEs sont signataires : « Nous, représentants de la société civile palestinienne, invitons les organisations des sociétés civiles internationales et les gens de conscience du monde entier à imposer de larges boycotts et à mettre en application des initiatives de retrait d’investissement contre Israël semblables à ceux appliqués à l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid ».
Cet appel est axé sur trois revendications : mettre fin à l’occupation et à la colonisation de toutes les terres arabes ; reconnaissance des droits fondamentaux des citoyenEs arabo-palestinienEs d’Israël à une complète égalité ; et en respectant, protégeant et favorisant les droits des réfugiéEs palestinienNEs à recouvrer leurs maisons et leurs biens.
Pour finir, « ces mesures punitives non-violentes devraient être maintenues jusqu’à ce qu’Israël honore ses obligations de reconnaître le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination ».
Un mouvement pour l’égalité des droits
Par le large éventail de structures la soutenant, la campagne BDS a rompu avec des traditions de factionnalisme au sein du mouvement de résistance palestinien. Elle a aussi su tactiquement déplacer la focale des revendications nationalistes vers un mouvement pour l’égalité des droits susceptible d’obtenir un plus large soutien et un impact plus important. Enfin, la campagne BDS a aussi reposé la question des réfugiéEs et de l’application de leur droit au retour. Depuis sa création BDS s’est développé sur toute la planète et la plupart des pays ont une version locale de la campagne.
En France, elle reste à construire massivement et doit permettre d’exposer et de dénoncer les liens de l’état et des entreprises françaises avec l’État d’apartheid israélien pour desserrer l’étau sur les PalestinienNEs.