En 2015, 5 589 488 réfugiéEs palestinienEs étaient enregistrés auprès des agences de l’ONU. 67 % des PalestinienEs à Gaza et 43 % en Cisjordanie sont des réfugiéEs. Seulement 34,2 % de la population palestinienne n’a jamais été déplacée1. Ils sont aujourd’hui environ 5,9 millions.
Les réfugiéEs vivent dans une soixantaine de camps répartis entre, d’une part la Syrie, le Liban et la Jordanie, et d’autre part la Cisjordanie (19) et Gaza (8). Comme tous les camps de réfugiéEs dans le monde, ils ont d’abord été des camps de toile, provisoires, destinés à être démantelés à la fin du conflit. Mais ceux-ci, de provisoires sont devenus durables.
Les camps de réfugiéEs
Ils se sont donc transformés en de véritables zones urbaines extrêmement denses. Ne pouvant s’agrandir en surface, les constructions s’y empilent en hauteur dans des conditions parfois très précaires. Ce sont des zones de grande pauvreté qui ont de tout temps été des creusets de la résistance palestinienne. Sur leurs murs, les tags et les portraits de martyrEs voisinent les photos de jeunes emprisonnéEs.
Un statut !
Les réfugiéEs palestinienEs sont à l’origine les personnes qui résidaient en Palestine mandataire (le territoire actuel d’Israël et de la Palestine réunis) et qui ont dû fuir leur région ou qui en ont été chassés lors de la guerre de 1948, une « période de dépossession, de destructions, d’expulsions, de pillages et de massacres à l’encontre des Palestiniens menant à la création d’Israël en 1948 »2. Leurs descendantEs sont également considérés comme réfugiéEs. Les réfugiéEs palestinienEs sont dotés d’un statut unique au monde garanti par un programme spécifique de l’ONU, l’UNRWA3.
Le droit au retour
La résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies, adoptée à l’ONU le 11 décembre 1948 « Décide qu’il y’a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers » (article 11). C’est l’UNRWA qui doit garantir la mise en œuvre de cette résolution. Israël s’opposant, depuis 1948, à toute évocation du droit au retour, l’UNRWA a vu son mandat renouvelé en permanence.
La clé
Une vieille clé, brandie par les PalestinienEs lors des commémorations de la Nakba le 15 mai, symbolise l’expulsion des PalestinienEs de 1948, la destruction de leurs maisons, de leurs villages, avant et pendant la guerre de 1948. Mais elle représente également leur indéfectible volonté de faire valoir leur droit au retour !
Israël et ses tuteurs impérialistes reviennent régulièrement à la charge, proposant de remplacer le droit au retour par des indemnisations, proposant la fin de l’UNRWA — sous prétexte d’autodétermination des PalestinienEs !
Or, les PalestinienEs refusent de transiger. Pour eux, « rester c’est résister ! », et ils continuent d’exiger la mise en œuvre du droit au retour — l’indemnisation ne devant concerner que celles et ceux qui ne veulent pas le mettre en œuvre pour eux-mêmes. Ils exigent également la pérennisation de l’UNRWA, aussi longtemps que la résolution 194 n’aura pas été appliquée.
Si la question des réfugiéEs reste aujourd’hui une des clés de la situation en Palestine, c’est sans doute parce qu’elle est représentative des intentions de l’État d’Israël qui, rappelons-le, n’a jamais accepté de définir ses frontières, poursuivant le vieil objectif sioniste d’un État « plus grand et plus homogène que prévu, autrement dit "débarrassé" du gros de la population palestinienne »4. Il est à craindre que la guerre de Gaza, et ses prolongements en Cisjordanie via les agressions de colons armés, ne viennent raviver la flamme de ce projet funeste !
- 1. Plateforme des ONG françaises pour la Palestine. Fiche contexte 2015
- 2. Ibid.
- 3. United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).
- 4. Plateforme des ONG françaises pour la Palestine. Contrer les idées reçues sur les réfugiés palestiniens, mai 2018.