Durant trois jours s’est tenue la traditionnelle et conviviale fête de Lutte ouvrière du samedi 7 au lundi 9 juin. Comme chaque année, le NPA y a tenu un stand et nous avons aussi participé à un débat central avec LO.
Le ton était donné avec l’intitulé du débat – « Face à l’offensive anti-ouvrière du gouvernement et du patronat, quelle opposition construire ? Une opposition unitaire de la gauche au gouvernement ou une force politique clairement sur une base de classe communiste et révolutionnaire ? » – et avec la première intervention du camarade de LO qui a ouvert les hostilités.Partant du principe qu’il n’était pas nécessaire de revenir sur l’analyse de la situation politique qui faisait largement accord entre nous, LO a centré la discussion sur nos « démarches respectives (…) qui sont différentes », et donc sur notre volonté de vouloir créer une opposition sociale et politique de gauche à ce gouvernement. S’en sont suivies des attaques en série sur notre prétendu « suivisme » et « opportunisme » à l’égard du Front de gauche et de Mélenchon, et les illusions que nous aurions envers « la gauche ». La preuve de tout cela : notre participation à la manifestation du 12 avril... oubliant de signaler qu’eux-mêmes avaient participé en tant que signataire à la manifestation du 1er décembre appelée unilatéralement par le Front de gauche contre l’augmentation de la TVA...Il nous a fallu rétablir les faits, tout en développant la démarche qui est la nôtre : la construction d’une opposition de gauche à ce gouvernement à la botte du Medef, cela en vue de préparer un mouvement d’ensemble qui mette un coup d’arrêt à l’austérité et impose les mesures d’urgence répondant aux besoins de la population. C’est pour nous le seul moyen de ne pas laisser l’initiative à la droite et à l’extrême droite. Et notre invitation à unir nos efforts pour œuvrer ensemble aux mobilisations et à la convergence des luttes, comme celles des postiers ou des cheminots, à débattre des moyens de s’opposer au Pacte de responsabilité, sont restées sans réponse.
L’isolement pour drapeauÀ en croire les camarades de LO, les jeux étaient faits d’avance, le NPA étant quasiment par nature voué à se faire aspirer par le Front de gauche, puisque la LCR, qui en était à l’origine, avait fait le choix de renoncer au « communisme révolutionnaire ». Alors qu’eux-mêmes sont « les seuls à parler à la classe ouvrière » et à être véritablement « dans le camp des travailleurs »...Face au Front national et à l’urgence sociale et politique, la seule proposition politique de Lutte ouvrière est la construction d’un parti communiste, ouvrier et révolutionnaire, dont le seul rôle est de préparer la prise du pouvoir par la classe ouvrière. Certes, mais encore faut-il dire comment on construit ce parti ? Et surtout, que fait-on pour résister aux attaques et inverser le rapport de forces ? On ne peut pas attendre Godot indéfiniment...Il ne suffit pas de critiquer les partis réformistes et de les dénoncer, d’aider « la classe ouvrière à faire le tri », comme il nous a été dit. Seul ou mal accompagné ? C’est un peu plus compliqué car la dénonciation ou l’abstention ne font pas une politique. Nous ne croyons pas que nous pouvons seuls dans notre coin répondre aux défis et aux urgences de la situation. C’est pour cela qu’il faut avoir une politique à l’égard des forces, de toutes les forces, qui influencent la classe ouvrière, comme le Front de gauche aujourd’hui. Face à une situation de crise inédite, nous devons œuvrer à construire l’unité du monde du travail pour résister à l’offensive sans précédent qu’il subit.Mais de cela, à l’évidence, Lutte ouvrière n’en a peut-être pas pris toute la mesure...
Sandra Demarcq