Comment se prépare la journée du 26 mai décidée par l’intersyndicale nationale ? L’inquiétude domine.
L’intersyndicale nationale (CFDT, CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, Unsa) appelle « à faire du 26 mai une journée de mobilisations décentralisées », « en fonction des réalités locales ». Mais la question est de savoir si on va passer de la « décentralisation » à l’émiettement du processus engagé depuis janvier, porteur de mobilisations interprofessionnelles et de luttes prolongées en attente de convergences (énergie, santé, chercheurs, licenciements…). L’inquiétude est réelle. L’appel à la grève nationale des cheminots (CGT, SUD, CFDT, Unsa) peut-il apporter une visibilité nationale ? Ou encore les appels CGT et Snui (Solidaires) à la grève au ministère des Finances, ainsi que les préavis à La Poste, et dans la fonction publique territoriale ? Les plus combatifs se battent à juste titre pour la grève. Mais le cadre national, résultat d’un compromis laborieux, tire maintenant en arrière. La CGT, dans une note aux syndicats, ne cache pas les « difficultés », mais n’y répond que par une pétition contre le travail du dimanche, ou des « piques-niques ». Les manifestations annoncées sont rares. A Paris, il est prévu « une conférence de presse » devant le siège du Medef (NVO du 15 mai), mais à Marseille, il y a un appel à manifester « sur le vieux port ».
Dans ces conditions, les provocations du pouvoir et du patronat continuent : pourquoi s’en priveraient-ils ? Ainsi, dès l'annonce du 26 mai, Matignon surenchérissait sur la destruction d’emplois dans la fonction publique : 34 000 postes en moins en 2010, après les 30 500 de 2009. Mais seules la CGT, FSU et Solidaires étaient pour la grève dans l’intersyndicale fonction publique. De même, le rapport Cotis sur le partage de la valeur ajoutée (TEAN du 14 mai), très discutable sur la part des salaires, montre quand même l’insolente montée des super-salaires, qui justifierait des revendications claires. Et partout les licenciements pleuvent, les entreprises ferment, les petites comme les grandes ; qui font davantage l’actualité (Caterpillar, Continental). Les organisations syndicales ont pris conscience de leur retard revendicatif et décidé de préciser leur texte inconsistant de janvier, mais cela n’aboutira que fin mai, au mieux.
Dans ces conditions, quelques départements se distinguent en préparant des appels à la grève unitairement, comme la Seine-Maritime, le Calvados, le Morbihan ou la Haute-Loire (« Tous en grève et dans la rue »). Dans celui-ci, FO s’est pourtant dissociée, alors que nationalement la confédération reproche aux autres de refuser une grève de 24 heures ! Jo Chapuis (union départementale de la CGT-Haute-Loire) ne cache pas que la journée ne reproduira pas les mêmes scores de manifestants que le 19 mars. Le tract d’appel met en exergue la liste des entreprises qui licencient « dans tous les secteurs : métaux, papier carton, agro-alimentaire (avec une fromagerie toute neuve qui ferme) ». Les salariés « ont le dos au mur ». Selon lui, deux revendications « claires » mériteraient d’être mises en avant dans l’intersyndicale nationale qui planche sur une plateforme plus précise : « zéro licenciement » et les « 200 euros ». Solidaires met nationalement en avant quatre thèmes, dont « l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits et la mise en place d’un statut du salarié », et les 300 euros. Il faut espérer que quelques-unes de ces pistes émergeront dans le front unitaire.