Publié le Samedi 28 juin 2025 à 12h00.

La Meute. Enquête sur La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, de Charlotte Belaïch et Olivier Pérou

Éditions Flammarion, 2025, 352 pages, 22 euros.

On a lu La Meute pour vous. Arrivé entre nos mains par hasard, c’était donc l’occasion de découvrir le contenu de cet ouvrage, « qui collectionne à la fois des ragots et des mensonges », comme l’avait déclaré Mathilde Panot à sa sortie début mai.

Depuis, le livre est entré dans le top 10 des ventes. Une demi-surprise, puisqu’avant même sa mise en vente, « la promo médiatique avait démarré en fanfare », soulignait Acrimed1. Une couverture médiatique qui tient sans doute aux statuts de journalistes des deux auteurEs, lesquelLEs ont pu bénéficier de rédactions ouvertes à un propos dans l’air du temps : taper sur Jean-Luc Mélenchon et/ou La France insoumise ! « Un genre indéniablement très prisé… et fort rentable », selon Acrimed2.

Rien de neuf

Pas de surprise ! Un style facile, un récit rythmé et un certain sens de la mise en scène contribuent au succès de ce type d’ouvrage. En revanche, cherE lecteurE, si vous cherchiez une analyse politique, mieux vaut passer votre chemin…

Quel intérêt alors ? La fascination que le sordide exerce, savamment mise en valeur par les deux auteurEs ? Quiconque lit régulièrement la presse, s’intéresse à LFI et ses affaires, ou côtoie de près ou de loin des militantEs, n’apprendra que peu de choses dans ce livre : des affaires de Sofia Chikirou au parcours sous les ors de la République de celui qui fut sénateur PS à 35 ans…

Mais les figures dépeintes sont sélectionnées parmi les moins flatteuses du mouvement ; les témoignages sont quasiment tous à charge, hormis ceux de quelques amiEs de longue date. Si bien que le portrait dressé de LFI et de Jean-Luc Mélenchon finit quand même par laisser un arrière-goût rance.

Ni politique ni démocratie

La construction très systématique laisse entrevoir l’objectif : interpréter chaque revirement comme un calcul vers la prise du pouvoir (comme si, d’ailleurs, LFI avait le monopole des calculs) ; considérer chaque succès comme un embrigadement ou une emprise ; identifier le mouvement à son chef, sans jamais faire place aux préoccupations politiques ; dénoncer l’absence (indéniable !) de démocratie interne sans en analyser les racines politiques, en se contentant de la psychologiser.

S’il affleure quelque chose de ce récit à charge, c’est que le destin de Jean-Luc Mélenchon et de LFI ne saurait se comprendre sans la trajectoire de décomposition du PS, sans le contexte d’un capitalisme destructeur et de la montée de l’extrême droite… Mais le livre s’arrête là où commence la politique. On serait bien en peine de défendre qu’il contribue, même en creux, à élever le débat démocratique…

Fabienne Dolet

  • 1. Maxime Friot, Pauline Perrenot, « Mélenchon : les journalistes politiques chassent en meute », Acrimed, 6 mai 2025.
  • 2. Idem.