La marche annuelle pour Adama Traoré a eu lieu le 8 juillet, et de nombreuses organisations syndicales, politiques et associatives ont appelé à des rassemblements un peu partout en France après le meurtre de Nahel contre les violences policières et le racisme systémique.
Adama Traoré a été tué par la gendarmerie le 19 juillet 2016 le jour de son anniversaire. Un placage ventral et le poids de 3 hommes adultes l’ont étouffé. Tous les ans, depuis 2016, le comité Adama organise une marche pour réclamer la justice et la vérité sur son meurtre dans la ville d’Adama : Beaumont-sur-Oise en grande banlieue au nord de Paris.
Cette année la manifestation était avancée au 8 juillet, dans le contexte des révoltes urbaines à la suite meurtre de Nahel par un policier 10 jours plus tôt. Plusieurs marches ont été organisées contre les violences policières un peu partout en France ce samedi.
Répression et criminalisation
Comme pour tous les mouvements de Vérité & Justice sur les morts par violences policières, ceux-ci sont extrêmement criminalisés : il y a une véritable campagne policière et d’extrême droite pour discréditer Adama et menacer sa famille et son comité de soutien.
La criminalisation a été d’autant plus forte que le comité Adama a su cristalliser une colère contre le racisme et les violences policières ces dernières années, notamment au moment de l’assassinat de Georges Floyd en 2020.
Fermeture punitive de l’accès aux transports en commun
Mais cette criminalisation a atteint un nouveau cran cette année. La préfecture du Val-d’Oise a annoncé l’interdiction de la marche (et tout ce qui l’entourait comme le concert habituel). Pour ajouter une dose d’insulte, elle a ordonné la fermeture ce jour-là de la gare SNCF qui permet d’aller à Beaumont. Il s’agit ni plus ni moins d’une punition collective pour tous les habitantEs des quartiers contraints de rester chez elleux faute de transports en commun. Cette tactique punitive des transports est une nouveauté dans la doctrine du maintien de l’ordre et a fait son apparition récente après la mort de Nahel.
À l’issue d’un référé perdu, le comité Adama a donc maintenu son appel à une marche, à Paris place de la République. Elle a été aussitôt interdite par la préfecture, citant la protection d’autres rassemblements prévus, notamment celui en soutien à Jénine et contre les exactions de l’armée israélienne (le culot n’étouffe visiblement pas la préfecture !). La manif a été réprimée et deux militants du comité Adama ont été arrêtés et libérés après plusieurs heures de garde à vue.
Amnistie
Nationalement un appel unitaire à réagir et manifester a rassemblé très largement partis, syndicats, associations, collectifs de quartiers populaires et comités contre les violences policières. Localement dans de nombreuses villes des appels unitaires ont également appelé à des manifestations malgré les interdictions. Notamment à Angoulême pour dénoncer le meurtre passé inaperçu d’Alhoussein abattu par des policiers alors qu’il allait au travail. Les manifestations se sont déroulées dans le calme. Là où des heurts ont eu lieu, à Paris et ailleurs, c’est parce que la police est intervenue.
La criminalisation croissante des mouvements de soutien aux victimes de violences policières est une réponse aux différents mouvements qui réclament depuis des années la fin de l’impunité de la police dans les quartiers. Elle s’inscrit évidemment dans une dynamique plus large de répression des mouvements sociaux mais ne masque pas la violence quotidienne exercée sur les populations non-blanches des quartiers populaires.
Le NPA s’est joint aux appels unitaires en se démarquant des discours louant les mérites d’une police républicaine et en défendant l’amnistie totale des jeunes révoltés arrêtés et le désarmement de la police.