On ne va pas faire mine de s’étonner que Claude Guéant ait refusé le titre d’ « adhérent d’honneur » au FN, que lui proposait Marine Le Pen à la suite de ses déclarations scandaleuses sur l’immigration : « Les Français veulent que la France reste la France », et « à force d’immigration incontrôlée, ils ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux ». En revanche, le choix de la surenchère raciste laisse pantois. Après les bateaux de Chantal Brunel, ces déclarations confirment le degré de violence de l’offensive en cours, qui ne vise plus seulement les musulmans mais les immigrés en général. On voit bien la logique à l’œuvre : pour remporter l’élection présidentielle, il faut retrouver la part de l’électorat frontiste qui avait voté Sarkozy en 2007, lui assurant la victoire. Sauf qu’on ne voit pas bien comment ce scénario pourrait se reproduire.
Des raisons structurelles profondes, liées notamment à la crise économique, expliquent les difficultés de la droite traditionnelle à maintenir durablement une base sociale. Ces difficultés poussent à la fuite en avant dans une politique autoritaire et xénophobe. Mais une telle fuite en avant, loin de limiter la progression de l’extrême droite, la nourrit, et laisse entière, pour après 2012, la question des alliances que la nouvelle patronne du FN appelle de ses vœux.
De ce point de vue, les résultats des élections cantonales sont une leçon de choses. La dimension pathétique de ces déclarations à quelques jours du scrutin éclate au grand jour lorsque le FN talonne une UMP très affaiblie. Mais les divisions qui s’expriment au sein de la droite à propos du second tour sont une esquisse d’une discussion qui pourrait prendre une tout autre dimension. Alors, stop ou encore ?Eh bien, stop ! Il nous faut résister pied à pied et dans les fronts les plus larges contre le racisme d’État et toutes ses applications concrètes, et contester sur le terrain politique la prétention fallacieuse du FN à incarner une alternative. C’est urgent ! Ingrid Hayes