Il y a 30 ans, elle était partie dans l’indifférence quasi générale le 15 octobre 1983, et vouée à l’échec par certains. Le 3 décembre 1983, 100 000 personnes manifestaient à Paris, concluant une marche décidée par un groupe de jeunes issus des cités de la banlieue lyonnaise.
Elle fut organisée suite aux crimes racistes, aux violences policières, et à une campagne électorale marquée par la xénophobie, l’idéologie sécuritaire et des alliances électorales entre la droite et le FN comme à Dreux. L’histoire bégaye.
« Rengainez on arrive ! » criaient les manifestantEs pour symboliser les discriminations et le racisme vécus par les habitantEs des quartiers, en particulier par les jeunes. Après avoir été « triée » en écartant « les délinquants » (sic), la délégation fut reçue par Mitterrand et les jeunes obtinrent comme seule réponse concrète la carte de séjour de 10 ans et des promesses assez générales sur les véritables problèmes des quartiers : les violences policières, le racisme, le chômage, la précarité, les logements insalubres, l’absence de services publics, etc. Peu de temps après, Mitterrand enterra définitivement la promesse du droit de vote pour les étrangers aux élections municipales.
Toujours d’actualité
Aujourd’hui, le constat est amer : cela a empiré « grave » ! Le 15 octobre, François Lamy, ministre de la Ville, est allé poser une plaque commémorative des 30 ans de la marche dans le quartier des Minguettes à Vénissieux. Il pense peut-être que cela suffira à cacher la faillite totale des politiques sociales et économiques appliquées dans les quartiers populaires par les différents gouvernements. Il pense aussi peut-être récupérer la marche et sa mémoire.Toumi Djaidja, initiateur de la marche, explique dans un communiqué qu’il ne participera pas à « un acte de récupération de la marche et qu’il ne peut signer un chèque en blanc au gouvernement »... Il a bien raison !Si nous voulons éviter que les institutions de leur « République » ne figent à jamais la marche sur du papier glacé ou bien qu’elle ne se résume qu’à un film, nous devons lutter dans nos rues, nos quartiers, nos lieux de travail et chômage, nos lieux de vie, contre le racisme et pour l’égalité.
Constitué pour « commémorer » de manière militante les trente ans de la marche, le collectif national « Égalité des droits/Justice pour tou-te-s » a lancé un appel à organiser partout où c’est possible des initiatives pour montrer l’actualité de la marche et se retrouver toutes et tous ensemble pour une manifestation nationale ce 7 décembre.Cette manifestation devra réunir les sans-papiers, les Roms, les jeunes, les femmes… autour de l’égalité des droits, contre le racisme. Le NPA soutient cet appel et sera dans la rue. Par les temps qui courent, cela devrait nous servir d’antidote à la politique nauséabonde menée par Hollande, Ayrault et Valls, et contre la droite, l’extrême droite et les fascistes.
Miguel Segui