Le score du FN lors des élections régionales est un élément marquant de ce scrutin. Avec un appareil militant et financier affaibli, le FN atteint pourtant 11,42 % au premier tour. Il progresse au second, atteignant une moyenne de 17,5% sur les endroits où il restait présent. Comparativement aux élections régionales de 2004, il apparaît en recul, passant de 156 conseillers régionaux à 118. Il imposait alors dix-sept triangulaires contre douze cette année. Mais il faut également se souvenir que lors des échéances électorales précédentes, le FN avait vu sa place dans l’espace politique se restreindre : 10,44 % lors du premier tour de l’élection présidentielle et 6,34 % aux européennes de 2009. Les régionales ont eu lieu dans un contexte de crise économique qui pèse de plus en plus sur la population. Une seule cause ne saurait suffire à expliquer la remontée du FN, mais il y a fort à parier que le débat sur l’identité nationale voulu par Nicolas Sarkozy et animé par Éric Besson n’a pu que contribuer à remettre en selle l’extrême droite. Non seulement dans ce « débat » le racisme l’a disputé au ridicule, mais pour le gouvernement il fut totalement contre-productif. Cela pourrait presque ressembler à un retour d’ascenseur de Sarkozy qui, en 2007, avait très largement repris à son compte le programme de Le Pen et récupéré une partie de son électorat.Relégitimé par Besson, la remontée du FN pourrait bien ne pas être un soubresaut, mais se réinstaller durablement dans le paysage politique.Face à cette situation, le combat antiraciste et antifasciste doit reprendre toute sa place. Les anciens combattants de la lutte contre l’extrême droite vont sûrement devoir reprendre du service. L’un des premiers combats doit évidemment être celui pour la régularisation de tous les sans-papiers, en particulier celui en cours mené par plusieurs milliers de travailleurs sans papiers. Soutenir cette lutte, c’est aussi réaffirmer qu’aucune concession ne peut être faite vis-à-vis des politiques racistes d’aucun gouvernement. Que notre identité est celle de travailleurs, d’internationalistes et d’antiracistes.
Pierre Baton