Le dimanche 21 janvier 2024, une marche blanche a été organisée à la suite du décès de Kyllian Samathi des mains de la police sur son lieu de travail à Montfermeil. Quelque cent cinquante de personnes ont marché depuis la mairie de Clichy-sous-Bois jusqu’à l’épicerie City Market où Kyllian a trouvé la mort. Conformément à la demande de sa famille, aucune apparition politique, malgré notre présence et celle du député LFI/POI Jérôme Legavre.
La marche est demeurée calme, malgré une colère palpable. Colère qu’a pu exprimer haut et fort la mère de Kyllian qui a raconté les faits auxquels elle a assisté. Elle-même avait appelé la police pour faire sortir son fils qui, contrairement aux dires de la police, « n’était pas agressif mais simplement triste ». Elle décrit les méthodes policières brutales qui ont amené Kyllian à répliquer avec virulence au point de mordre un des policiers jusqu’au sang. La mère ne cesse de hurler mais on ne l’entend pas. Des CRS sont appelés en renfort, et un déluge de violence s’abat sur Kyllian dans la réserve du magasin. Et la mère souligne qu’à six agents, ces policiers auraient faire le choix de le sortir plutôt que de le « taser » à plusieurs reprises. Ils auraient pu choisir de contacter l’hôpital pour prendre en charge la décompensation en cours de ce jeune homme.
La police a tué
Les hurlements de la mère se poursuivent tandis que ceux de Kyllian s’arrêtent. « Ils ont tué mon fils ». Un jeune, proche de la famille, lui réponds : « Non, tata, il respire encore ». Kyllian est sorti de force et un policier appuie sur sa jambe tandis qu’un autre appuie sur sa tête. On remarque enfin les hurlements de cette mère. Mais rien n’empêchera le drame d’advenir. Rien n’empêchera que cette mère assiste en direct au meurtre de son fils.
La police a tué. Encore. Un homme noir. Encore. Jeune. Kyllian fêtait ses 30 ans quatre jours avant sa mort. Cette triste et énième affaire de crime policier mélange racisme et psychophobie. Mais sa particularité c’est qu’elle se déroule son lieu de travail et sous les yeux de sa mère. Tous les modes d’existence de Kyllian Samathi ont été anéantis par un geste commun de six agents de police : le Noir, le jeune, le psychiatrisé, le fils, le travailleur.
Après un « Notre Père » collectif, la mère met fin à la marche blanche en appelant à ce que chacune et chacun reparte le cœur apaisé. Il ne faudrait pas un mort de plus. La colère est bien là, mais elle n’éclatera pas aujourd’hui. Elle nourrira la détermination pour réclamer : Justice pour Kyllian !
CorrespondantEs