Mise en sourdine un temps pendant le mouvement contre la retraite à 64 ans la loi « Asile et immigration » de l’immonde Darmanin revient… par l’extrême droite !
Trouvant qu’un texte qui restreint les droits des migrantEs (restriction des recours en cas de refus de l’OFPRA et d’OQTF) et qui précarise encore davantage les travailleurEs sans-papier (permis de séjour d’un an révocable) n’est pas suffisant, LR a déposé ses propres projets de loi. Ils contiennent en vrac : modification de la Constitution pour permettre un référendum sur l’immigration et pour y inscrire « le principe de l’assimilation », restriction de l’accès aux aides sociales et médicales, rétablissement du délit de séjour irrégulier et de la double peine, suppression de l’accès à la nationalité française pour les enfants à la naissance desquelLEs les parents étaient sans-papiers, instauration de quotas… Pour Éric Ciotti : « Ceux qui sont arrivés illégalement doivent savoir qu’ils ne seront pas bien accueillis et qu’ils n’auront aucun droit. » Le RN n’aurait pas fait, ni dit, mieux. Et les fachos qui font le coup de poing peuvent dormir tranquille.
Darmanin consent à la surenchère raciste de LR
Dans le cadre d’un pouvoir affaibli qui cherche à retrouver une légitimité auprès de la population et une majorité à l’Assemblée, Darmanin a saisi la main raciste tendue par LR en se disant prêt à reprendre une partie de ces propositions… C’est bien par la surenchère raciste que Macron entend « tourner la page » des retraites et « relancer » son quinquennat.
Avec la loi Darmanin le gouvernement fait coup double. Son offensive raciste vise à recréer de l’adhésion autour de lui en divisant celles et ceux qui se sont mobiliséEs ces derniers mois et en fidélisant le soutien de la droite ; légitimant par là toujours plus l’extrême droite. Mais cette rhétorique n’est pas qu’un élément d’une bataille idéologique qui s’appuie et alimente la vague raciste qui se développe ces dernières semaines1. Elle accompagne une loi qui est une attaque très concrète contre la fraction la plus exploitée de notre classe : en poursuivant la dynamique de « délocalisation interne » de la main-d’œuvre par la mise à disposition d’une main-d’œuvre corvéable pour le patronat.
Construire la mobilisation toujours et encore
La riposte n’est, pour l’instant, pas à la hauteur. Les manifestations contre la loi Darmanin de mai, durant la mobilisation sur les retraites, ont pourtant rassemblé bien plus de monde que d’habitude, montrant le potentiel de mobilisation qui existe. Mais l’appel « Pour une politique migratoire d’accueil » de l’UCIJ (UniEs contre l’immigration jetable) signé par plus de 400 collectifs, associations, syndicats et réseaux et soutenu par de nombreux partis politiques, dont le NPA, ne rencontre pas une audience suffisante2. Dans le cadre de la mobilisation contre la loi Darmanin, cet appel a proposé deux dates nationales de mobilisation : le 17 juin et le 8 juillet mettant en avant « des Chantiers des JO aux aides à domicile - des entrepôts de Chronopost ou DPD aux livreurs·euses, égalité des droits pour les travailleurs·euses sans papiers ! ». Le 17 juin des manifestations, tractages et rassemblements ont eu lieu à Alfortville, Brest, Lille, Marseille et Rouen. Dans les prochaines semaines d’autres initiatives se tiendront à Lyon, Metz, Montpellier et Nancy. Nous devons participer à populariser cet appel ! D’autant que, pour l’instant, l’échéance du 8 juillet, pas plus que la question de la loi Darmanin (et plus globalement la question de l’antiracisme et de l’antifascisme) ne sont dans l’agenda de mobilisation que s’est fixé l’intersyndicale dans son dernier communiqué. Après avoir été au centre du jeu ces six derniers mois, le mouvement ouvrier porte de grosses responsabilités et doit intégrer la lutte contre la loi Darmanin et pour l’égalité des droits dans ses revendications !