Publié le Mardi 6 mai 2025 à 16h00.

À Rouen, un campement des jeunes mineurs devant la préfecture

Vendredi 2 mai se sont retrouvéEs 250 personnes à l’Agora sur les quais de Seine, rive droite à Rouen, à la suite de l’appel lancé par le collectif des jeunes mineurEs, soutenu par de nombreuses associations, syndicats, partis, contre le racisme et pour le soutien aux jeunes mineurEs isoléEs.

Le rassemblement a été ponctué de prises de paroles, témoignages des mineurEs, interventions de militants associatifs. Il s’est poursuivi dans une bonne ambiance, avec possibilité de restauration pour les participantEs et en musique. En début de soirée un délégué du collectif des mineurEs a annoncé leur décision d’installer un campement devant l’esplanade de la Préfecture, en invitant celles et ceux qui le veulent à les accompagner. Une centaine de personnes ont suivi. Le campement s’est monté très vite.

Sans protection

Depuis des semaines, des mois, ces jeunes sont désespérés. Ils ne sont pas pris en charge par l’ASE (l’Aide sociale à l’enfance) pour une bonne partie d’entre eux car leur minorité n’est pas reconnue. Les documents qu’ils fournissent, notamment les extraits de naissance sont considérés comme faux. Les démarches auprès du juge des enfants sont longues et souvent sans résultat. Les conséquences sont dramatiques : ils sont livrés à eux-mêmes, abandonnés, sans la protection à laquelle tout mineur a droit. Ils sont à la rue, exposés à tous les dangers, à la faim, à la soif et au manque d’hygiène. Ils ne sont pas scolarisés, laissés sans droit à la santé, sans moyen de subsistance, dans l’indifférence générale et sans avenir. C’est pourquoi, Le collectif a lancé cette action pour alerter sur leur situation, faire entendre leur voix et valoir leurs droits.

Ensemble pour la dignité

Comme le disait un délégué du collectif le 2 mai : « Au moins là nous ne serons plus invisibilisés, nous allons faire savoir ce que nous vivons et au lieu de dormir sous les ponts, isolés, dispersés, nous dormirons au moins ensemble ! Nous ne demandons pas la charité, nous voulons le respect de notre dignité et la protection due aux mineurs. »

De nombreuses associations, syndicats, partis ainsi que la mairie de Rouen ont apporté leur soutien. De nombreuses personnes montrent leur solidarité en venant au campement, en gardiennant la nuit, en apportant de la nourriture, des vêtements, des couvertures.

Trois premières nuits sont passées et le campement est toujours là.

Le collectif a adressé une demande d’audience au préfet, au département et à Mme La Rectrice ainsi que les revendications suivantes :

- un accueil digne et un temps suffisant de répit à l’arrivée avec un entretien psychologique et médical ;

- une évaluation respectueuse de nos vies et de nos parcours avec entretien ;

- la prise en compte de nos documents d’état civil qui n’ont jamais été contestés dans nos pays respectifs ;

- l’arrêt des tests osseux non fiables ;

- des délais juridiques plus courts ;

- la prise en charge de tous les mineurs et l’application de la présomption de minorité jusqu’à la fin des recours juridiques ;

- une prise en charge sociale et éducative avec un logement digne et durable ;

- le droit à la santé et aux soins.

Correspondante