Le 28 novembre, 53 % des votants ont dit oui à un projet de loi visant l’expulsion des « criminels étrangers ». Lancé par le principal parti bourgeois, l’Union démocratique du centre (UDC), le projet impose l’expulsion automatique du territoire des étrangers coupables de meurtre, viol et… « perception illégale » de l’aide sociale. Un an après le vote populaire pour l’interdiction de construire des minarets, le racisme et la xénophobie marquent un nouveau point.La responsabilité des autres partis bourgeois et du Parti socialiste est écrasante. En effet, au lieu de s’opposer frontalement à cette loi, ils ont adopté au Parlement un contre-projet qui reprenait les principaux postulats de l’UDC, donnant une légitimation au projet xénophobe. Le résultat est sans appel. Partout où la « gauche » a choisi le contre-projet du Parlement, le texte raciste a fait un tabac. Mais là où les mouvements sociaux ont mené une campagne frontale contre les fondements du projet de loi et du contre-projet, le double non l’a emporté. Cela dit, la xénophobie est largement ancrée dans une population dont plus de 20 % est étrangère ou d’origine étrangère et qui est profondément déstabilisée par la crise – 10 % de la population vit aujourd’hui en dessous du minimum vital. C’est là le terreau sur lequel le racisme prend racine et où l’UDC sème son discours de haine et de recherche du bouc émissaire. La majorité d’une population désemparée, dépassée par une offensive bourgeoise qui se manifeste par l’explosion des coûts de la santé, par la précarisation massive de la jeunesse, par des attaques frontales contre le système de prévoyance vieillesse sans opposition de la gauche, a voté en faveur de l’initiative xénophobe. La campagne de la gauche s’est limitée à des appels de principe, éthiques, moraux, contre le racisme. Fondée sur la recherche d’alliance avec les secteurs « fréquentables » de la bourgeoisie, elle a éludé la question sociale, évitant ainsi d’entrer en résonance avec le mal-être des couches populaires. Après la publication des résultats, des centaines de personnes sont descendues dans les rues de Genève, Lausanne et Zürich, à l’appel de la Gauche anticapitaliste, des jeunes PS et des Verts et des milieux antiracistes. Elles y ont affirmé, au-delà des résultats de la votation, leur volonté commune de continuer à combattre le racisme, ceux qui le propagent et le système qui le génère. Genève, Paolo Gilardi