L'Unedic a communiqué ses chiffres prévisionnels du chômage: 90000 privés d'emploi en plus en avril; 639000 cette année. Le Pôle emploi est loin de pouvoir faire face.
Les estimations vont bon train : 282000 demandeurs d'emploi supplémentaires en 2009, le 11 février dernier ; entre 375000 et 454000, le 11 mars; et, enfin, 639000, le 26 mai. Les chiffres du chômage montent en flèche. Les plans sociaux s'accumulent et, face à la crise, le gouvernement n'a apporté qu'une solution : la création de Pôle emploi, en décembre 2008.
Pôle emploi, c'est le résultat de la fusion catastrophique entre l'ANPE et l'Assedic. Depuis plusieurs mois, les 44000 agents de cette nouvelle entreprise (30000 ex-ANPE et 14000 ex-Assedic) voient leurs métiers respectifs se transformer et leurs conditions de travail se détériorer : sous-effectif, services au rabais, contrôle accru des demandeurs d'emploi et course aux chiffres sont devenus le quotidien des unités de Pôle emploi.
Face à cette situation, les syndicats et les agents eux-mêmes n'ont cessé - et ne cessent encore - d'alerter la direction sur les conditions de travail. La réponse est tombée il y a peu. Grosse campagne de publicité et de communication : Pôle emploi recrute 1840 nouveaux conseillers… sur tout le territoire ! Quand on sait que certains conseillers ex-ANPE suivent jusqu'à 250 demandeurs d'emploi par mois, que certains conseillers ex-Assedic accumulent les heures supplémentaires pour traiter les nouvelles demandes d'indemnisation, on réalise que 1840 postes ne changeront pas les choses… On est donc encore très loin des 60 demandeurs d'emploi par conseiller évoqués il y a plusieurs mois par la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
Mais, à défaut d'un service de qualité pour un retour à l'emploi, il reste la radiation, afin de faire baisser les chiffres du chômage. La loi d'août 2008 a officialisé l'offre raisonnable d'emploi (ORE). En résumé, il s'agit de contraindre le demandeur à accepter n'importe quel emploi, sous peine de radiation et, donc, de suspension de l'allocation-chômage s'il la perçoit. Autre contrôle, celui des papiers. Désormais, les agents doivent vérifier, à l'aide de lampe UV, l'authenticité et non la validité des papiers d'identité des nouveaux demandeurs d'emploi. Bien évidemment, à l'insu de l'intéressé. Si doute il y a, ordre est donné de continuer la procédure d'inscription comme si de rien n'était et de transmettre par la suite le dossier au service « fraude », qui lui-même le transmettra à l'autorité compétente. On comprend donc mieux pourquoi un représentant du ministère de l'Immigration siège au conseil d'administration de Pôle emploi…
La fusion Assedic-ANPE a pour but d'imposer aux chômeurs d'accepter n'importe quel emploi à n'importe quel prix. Face à un marché de l'emploi qui n'offre que précarité, rien de tel qu'un outil de contrôle et de menace pour que le patronat trouve une main-d'œuvre docile, obligée d'accepter ce qu'on lui propose. Mais, aujourd'hui, situation inédite depuis la création des Assedic et de l'ANPE, de plus en plus de salariés s'organisent sur leur agence contre ce qu'on leur demande de faire, contre la dégradation des conditions de travail. Ne reste plus qu'aux syndicats d'organiser une mobilisation d'ampleur !