Publié le Lundi 1 juin 2009 à 22h11.

Ecole : escalade sécuritaire 

Mardi 19 mai, l'arrestation à Floirac (Gironde) de deux enfants de 6 ans (CP) et 10 ans (CM1) a suscité émoi et révolte. Le gouvernement a engagé une escalade sécuritaire. 

 

 

Soupçonnés de vol de vélos, les deux enfants ont été interpellés par six policiers postés à la sortie de l’école, à Floirac (Gironde), et amenés au commissariat de la commune voisine sans que leurs parents ne soient prévenus. Ils ont été interrogés pendant près de deux heures. Cette arrestation d’enfants a été pleinement revendiquée par le responsable de la sécurité publique, qui a déclaré « l’assumer de A à Z », les policiers ayant « respecté la procédure légale »et étant intervenus avec « beaucoup de discernement et d'intelligence ». Qu’on en juge.

Ce sont maintenant des enfants que la police de Sarkozy arrête, là où ils devraient être protégés, à l’école ! Après des années de rafles d’enfants sans papiers devant les écoles, l’escalade sécuritaire est remise au premier plan de la campagne de Sarkozy. Elle vise les quartiers populaires, où la crise fait des ravages, en particulier sur la rive droite de la Gironde où se situe Floirac, touchés de plein fouet par le chômage, celui massif des jeunes, la précarité, les discriminations, la galère. Le gouvernement, comme tous ceux qui l’ont précédé depuis plus de vingt ans, n’a pas d’autre réponse que la répression, dénoncée même par certains flics, comme celui qui a mis en cause à l'AFP, « la hiérarchie »girondine qui pratique « la religion du chiffre et des statistiques ».

Aujourd’hui, par leurs contre-réformes, Sarkozy et Darcos introduisent l’insécurité à l’école, en même temps que leur discours sécuritaire cherche à masquer la régression et l’abandon des politiques éducatives. Ils promettent aux établissements des quartiers les plus pauvres tout un arsenal répressif : installation de portiques détecteurs de métaux, fouilles des cartables, pour lesquelles des habilitations spéciales seraient données aux personnels d’encadrement et de direction des établissements, référent policier pour chaque établissement… Dès la mi-juillet, ces mesures démagogiques pourraient même être intégrées à la loi d’orientation et de programmation de la sécurité intérieure (lopsi), accompagnées d’une enveloppe supplémentaire pour la police de plus de 2,5 milliards d'euros pour la période 2009-2013. « La priorité, aujourd'hui, c'est la reconquête des quartiers sensibles, […] rongés par la délinquance, le trafic de drogue et le trafic d'armes […]. Aucune rue, aucune cave, aucune cage d'escalier ne doit être abandonnée aux voyous. Je veux que se multiplient immédiatement les opérations coup-de-poing », a déclaré Sarkozy. Le ton est donné.

Les réactions de révolte face à l’arrestation des enfants de Floirac ont été immédiates. De nombreuses organisations syndicales, politiques et associatives, dont le NPA, ont appelé ensemble à deux rassemblements, mardi 26 et jeudi 28 mai, devant les commissariats de Cenon et de Bordeaux, pour dire que nous ne laisserons pas la police de Sarkozy faire sa loi et que les enseignants refusent d’être associés à une politique qui voudrait en faire des flics dans les écoles.