Les études contradictoires circulent. Les provocations aussi. Ainsi Pierre Médevielle, sénateur UDI, qui a sciemment déformé les résultats du rapport l’OPESCT en déclarant « le glyphosate n’est pas plus dangereux que la charcuterie ou la viande rouge ». Ce rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, n’avait pas pour objet de prendre position sur la dangerosité du glyphosate, mais de créer « une plus grande confiance entre experts et citoyens, afin que la gestion des risques repose sur des bases rationnelles et transparentes, et non sur la capacité de certains acteurs à susciter dans l’opinion publique des émotions permettant d’emporter la décision ».
De nombreuses études scientifiques ont établi la dangerosité du glyphosate, molécule de base de plusieurs herbicides dont le Roundup de Monsanto. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) l’a classé « cancérogène probable » en 2015. Monsanto a répliqué en faisant rédiger des articles favorables, signés par des scientifiques de renom. Pratiques révélées par les « Monsanto papers ».
Le glyphosate, au cœur d’une controverse
En 2017, l’Union européenne devait décider de prolonger ou pas l’autorisation du glyphosate. Zéro suspens : l’autorisation a été votée pour 5 ans supplémentaires. Macron a fait le malin en promettant de réduire la période à 3 ans, « quand des alternatives seraient trouvées ». Belle pirouette !
Pour calmer les soupçons, le gouvernement a commandé un rapport devant « éclairer le Parlement sur l’indépendance et l’objectivité des agences européennes chargées d’évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché ».
Le rapport qui compte 1 500 pages, dont 17 sur le glyphosate, ne tranche pas la controverse entre les agences dont l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui nient la toxicité du glyphosate, et le CIRC qui la revendique. Il montre seulement que les méthodes utilisées dans les travaux ne sont pas basées sur les mêmes études. Les agences (EFSA, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ont tenu compte aussi des études des industriels, et uniquement celles sur la substance active. Alors que le CIRC s’est intéressé à tous les produits à base de glyphosate, et n’a utilisé que des études indépendantes. De plus, l’effet cocktail, démontré par une étude de l’INRA en 2016, c’est-à-dire l’effet délétère de la combinaison de plusieurs pesticides et de leurs adjuvants, n’a pas été évalué dans le rapport. Un manque dans l’expertise !
On commence à comprendre la réalité de l’enfumage de Monsanto (racheté par Bayer) : susciter le doute à tout prix afin de retarder l’interdiction d’empoisonner l’environnement et les êtres humains, et ainsi préserver les profits. 8 000 tonnes de glyphosate sont encore déversées en France par an. De quoi nous pourrir la vie.
Que retenir de tout ça ?
Le rapport de l’OPECST demande plus de données indépendantes, et aux agences de contrôle de produire leurs propres études et d’analyser les effets sur le long terme. Bayer a fait un lobbying efficace auprès des parlementaires européens qui ont voté l’autorisation du glyphosate pour 5 années de plus. Alors que la moindre des précautions aurait été de la suspendre le temps d’établir de façon sûre, indépendante et transparente, son niveau de dangerosité. Le doute aurait dû profiter au vivant, pas aux profits de Bayer.
Pourtant, l’espoir a changé de camp. Bayer vient d’être condamné à payer 2 milliards de dollars dans le scandale du Roundup, des marches mondiales s’organisent, la contestation gagne du terrain.
La mobilisation contre le glyphosate a besoin de touTEs les opposantEs pour exiger sa suppression définitive.
Commission nationale écologie