Le film « Home », de Yann Arthus Bertrand, visionné par des millions de personnes, a le mérite de sensibiliser à certains problèmes environnementaux. Mais, financé par de grands groupes capitalistes, il ne remet en rien en cause le système. Quitte à faire l'impasse sur les OGM et le nucléaire.
Yann Arthus Bertrand (YAB), aidé de Luc Besson, a réussi un des plus gros buzz au monde: Home a été diffusé en prime time dans 80 pays, projeté en plein air à Paris et à Londres, mis en ligne sur You Tube et sorti en DVD. Ce n'est ni un film ni un documentaire. C'est une plongée dans les photos de La Terre vue du ciel ! D'un point de vue esthétique, Home est une merveille. Des plans splendides, des couleurs incroyables… Même les pires endroits du monde deviennent beaux à travers les yeux de YAB : les décharges dans lesquelles se déplacent des enfants, les usines de sites pétrochimiques… Un hommage réussi à notre belle planète Terre.
D'un point de vue politique, Home est un événement. Tout le monde n'a parlé que de cela durant quelques jours, occultant les élections européennes, selon certains, ou favorisant la liste Europe écologie pour d'autres… Après les films américains La Vérité qui dérange, d'Al Gore, et La Onzième Heure, de Leonardo Di Caprio, enfin un film « européen » pour sensibiliser la population aux questions environnementales. Et pas n'importe quel film ! YAB nous convainc (si nous ne l'étions pas déjà) avec dextérité de l'urgence écologique à laquelle nous sommes confrontés.
Le message de Home est le suivant : notre belle Terre, qui a mis plusieurs millions d'années à construire un équilibre fragile est en train d'être détruite à vitesse grand V par la bêtise humaine sans limite, qui consomme jusqu'au bout chacune de ses précieuses ressources. Home pose tout de même problème: d'emblée, dans le générique, on voit défiler les noms des financeurs du film - de grands groupes et des entreprises de luxe -, qui s'assemblent comme par magie pour former les lettres du nom « Home ». Mais ces mêmes « sponsors » épuisent les ressources, polluent, rejettent du CO2, exploitent les salariés à travers le monde, etc.! Une opération de marketing pour leur bonne conscience ? Une nouvelle forme d'investissement ?
Une fois le constat de destruction de la Terre démontré, le film nous incite à la réaction : à nous d'agir pour sauver la planète ! Bonne idée… mais comment ? Et là, YAB reste muet. Certes, quelques éoliennes et des panneaux solaires de ci, de là. Mais cela ne suffit pas à sauver les ours polaires, les enfants qui vivent dans les détritus, les femmes et les hommes qui meurent faute d'eau potable, etc.
Enfin, deux sujets majeurs sont occultés dans ce documentaire : les OGM et le nucléaire. Récemment, YAB a concédé qu'« il y aura des accidents nucléaires un jour ou l'autre, il faut le savoir. » Avant d'ajouter, sans s'appesantir sur la contradiction : « On a besoin du nucléaire! » D'où l'absence de plan sur les centrales. Dans tous les cas, maintenant, c'est à nous de proposer des solutions écologistes et anticapitalistes.
Florie Neuvert