L’UMP l’a construit, le PS le bichonne… L’incinérateur de Marseille à Fos-sur-Mer a émis ses premières volutes au début du mois d’octobre, sans que le changement de gouvernance à la tête de la Communauté Urbaine de Marseille n’entraîne de changement de méthode !
Les convois de bennes à ordures venant remplir le ventre de la bête ont eu lieu pour la plupart de nuit. La mise en chauffe des fours s’est faite en catimini et le premier essai de brûlage des ordures a été réalisé sans qu’aucun contrôle indépendant ni observateur extérieur ne soit présent… Les cartons et papiers triés dans les rues de Marseille brûlent à Fos dans l’indifférence générale… Une machine anti-écologique qui empêche la valorisation des matériaux triés et qui va coûter plus de 500 millions d’euros d’argent public, soit près du double du prix annoncé…
A ce prix là, la ville de Marseille aurait mérité une usine en pointe, les dernières technologies existantes, bref, un projet qui démontre que la protection de la santé publique, la gestion des ordures ménagères et le développement durable peuvent être conjugués pour le bien de tous… Hélas, l’intérêt du lobby a une fois encore été plus fort que les considérations environnementales et plus largement que l’urgence écologique fondamentale, pourtant brandie par tous les Etats du monde !
Derrière cet étendard vert se cache pourtant un réseau d’influence puissant toujours arcbouté sur ses dividendes et refusant la mise d’une législation drastique visant à réduire purement et simplement les pollutions industrielles. «Réduisons nos déchets, vite ça déborde» est une campagne de communication nationale et pourtant, la France est l’un des leaders mondiaux de l’incinération des ordures ménagères et à ce titre elle doit nourrir chaque jour les fours des 165 incinérateurs en activité sur son territoire.
Or, puisqu’un un incinérateur a besoin d’un certain tonnage de déchets ménagers par an, une réduction à la source est tout simplement impossible. L’incinérateur de Marseille aura besoin chaque année de 300000 tonnes d’ordures pour bien fonctionner, sa durée de vie est approximativement de 25 ans. Si les marseillais réduisaient leur production de déchets comme la France s’y est engagée, ils mettraient la vie même de l’incinérateur (et les profits de ses propriétaires) en danger…
Voilà la prise d’otages opérée par des élus locaux, avides de pouvoir et d’argent! Prise d’otage car c’est un contrat qui obligera la Communauté Urbaine de Marseille à livrer ses 300000 tonnes chaque année.
Partout en France, des projets d’incinérateurs fleurissent et suscitent une opposition farouche de défenseurs de la santé publique et de l’environnement, mais l’histoire se répète: à Clermont-Ferrand, en Corse, à Lille, les services de l’Etat multiplient les tours de passe-passe et si besoin est orchestrent le passage en force systématique !
Les déchets ménagers sont une matière première, les brûler c’est donc assassiner un peu plus une planète déjà exsangue de ressources!
Véronique Dolot (NPA 13 )