Ces 8 et 9 juillet 2017, près de 20 000 personnes venues de toute la France se sont rassemblées à Notre-Dame-des-Landes. Cette dix-septième édition du rassemblement estival a vu converger toutes les luttes pour un autre monde.
Loin de la pression de l’année 2016, quand le Premier ministre Valls promettait une expulsion à l’automne... Le contexte politique s’est modifié. Le PS et la droite traditionnelle ont été évincés du pouvoir, laissant la place à un gouvernement qui n’entend pas payer les errements des précédents.
Un optimisme dubitatif s’est installé : la nomination de « médiateurs » par le gouvernement laisse espérer la nouvelle étude du projet d’aéroport que les opposantEs réclament depuis tant d’années.
Comme un parfum de victoire
C’est pourquoi cette édition s’interrogeait déjà sur l’avenir : que faire de la Zad après l’abandon possible du projet d’aéroport ? « Travailler avec les jeunes à construire de nouveaux modèles pour une agriculture différente », répond Sylvain Fresneau, agriculteur militant.
C’est que, depuis 2009, la rencontre improbable de jeunes révoltéEs et de paysanEs militants s’est faite. Les projets d’installation agricole et l’expérimentation d’un mode de vie différent, aussi à l’abri que possible du monde capitaliste, ne sont pas qu’une utopie. Des solidarités concrètes sont à l’œuvre.
Des solidarités qui ravivent la mémoire locale. Car en Loire--Atlantique, l’alliance des militantEs ouvriers et des paysans est un héritage historique : de 1968 au mouvement des paysans-travailleurs ou à la lutte contre la centrale nucléaire du Pellerin, cette alliance a été porteuses de victoires ancrées dans les mémoires. Des victoires qui ont permis les solidarités avec celles de Plogoff ou du Larzac, des victoires réciproques en somme. À NDDL, la convergence des luttes traverse le temps.
C’est sur ce terroir qu’a mûri la lutte contre le projet d’aéroport à NDDL, comme un bon vin aux arôme riches et complexes. Jusqu’à faire converger toutes les luttes actuelles.
Une cité politique
D’année en année, les débats à NDDL se font plus politiques. Non seulement parce que les demandes d’intervention sont si nombreuses qu’il faut bien que les organisateurs les regroupent dans des thèmes plus généraux, mais surtout parce que la solidarité est contagieuse. Des projets miniers à Europacity, les luttes locales se répondent. De la répression à la solidarité avec les migrantEs et au racisme policier, les luttes globales se discutent. NDDL est devenue une véritable cité politique.
C’est pourquoi le NPA s’est efforcé d’associer autant que possible les syndicalistes aux débats de cette année. Presque absents les années précédentes, ceux de Solidaires et de la CGT (sur les transports, l’emploi, l’écologie ou l’exploitation des marins) ont répondu présent. Il y a quelques années, nombre d’habitantEs de la Zad, d’inspiration « autonome », ne voulaient même pas entendre parler des syndicats ouvriers, assimilés à l’institution étatique. Depuis, les solidarités de la lutte contre la loi travail ont porté leurs fruits.
Le débat sur la loi travail et les ordonnances Macron, avec notre camarade Simon, a rassemblé près de 450 personnes sous le grand chapiteau. Celui sur les transports gratuits associait notre camarade Patrick Le Moal et un cheminot de Sud-Rail ; un syndicaliste du groupe Vinci (constructeur possible de l’aéroport) et un postier de Solidaires ont débattu du lien entre luttes écologiques, luttes sociales et capitalisme avec notre porte-parole Christine Poupin...
Si la lutte de Notre-Dame-des-Landes n’a pas encore gagné l’abandon du projet d’aéroport, elle a déjà gagné, par les convergences qu’elle a permises, la certitude que l’unité des luttes est possible.
Bertrand Achel et Sandra Cormier