Publié le Mardi 3 mai 2016 à 22h00.

400 SMIC pour un mi-temps

Un des discours fréquemment utilisé par l’économie dominante pour vanter le capitalisme est celui de la souveraineté des actionnaires (la « démocratie actionnariale » pour parler comme Macron...) : ils seraient supposés prendre des risques en achetant des actions et, en contrepartie, prennent les grandes décisions dans leurs assemblées générales annuelles. En fait, la « démocratie actionnariale », c’est du bidon : seuls les gros actionnaires et les PDG décident, comme vient de le démontrer le cas de Renault.

L’assemblée générale a rejeté le niveau de rémunération du PDG Carlos Goshn, jugée trop élevée : 7,25 millions d’euros annuel pour un mi-temps, car Goshn est en même temps PDG de Nissan, touchant à ce titre 8 millions d’euros. Mais après l’AG des actionnaires, le conseil d’administration s’est assis sur cette décision et a bien confirmé les 7,25 millions d’euros.

Les membres importants de ce conseil représentent essentiellement les sommets du grand capital : Thierry Desmaret (président d’honneur de Total), le financier Marc Ladreit de Lacharrière, Franck Riboud (Danone), Alain J-P Belda (la banque d’affaire Warburg Pincus entre autres...), Pascal Sourisse (Thalès), Cherie Blair (femme de l’ancien Premier ministre britannique), etc. Pas étonnant qu’ils veuillent faire plaisir à leur copain Carlos : pour le commun des mortels, un mi-temps c’est souvent un demi-smic, mais pour Goshn, un mi-temps chez Renault, c’est un peu plus de 400 smic ! Quant à l’État, il fait semblant de protester, mais laisse passer et accepte de renoncer à ses droits de vote double sur les questions de rémunération des dirigeants de Renault.

Carlos est en bonne compagnie. En Allemagne, Volkswagen prévoit de verser à ses 12 actuels et anciens membres du directoire 63,24 millions d’euros au titre de 2015... année qui s’est soldée par une perte record. Quant au PDG menteur de la Société Générale, Frédéric Oudéa, sa rémunération 2015 augmente de 35,4 % par rapport à l’année précédente. Décidément, c’est le jackpot pour les licencieurs et les affairistes.