Le 25 septembre, le projet de loi des finances 2014 a été présenté en conseil des ministres. Deux lignes directrices : 15 milliards d’euros d’économies, 3 milliards de recettes supplémentaires. Bref, un budget d’austérité aggravée pour la majorité de la population... épargnant une fois de plus les entreprises et les plus riches.Selon le gouvernement, ce serait un budget « pour la croissance », « orienté vers l’emploi et le pouvoir d’achat ». Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit très vite qu’en réalité ce budget va aggraver l’austérité pour les classes populaires. Sur la base d’une croissance pour le moins modeste, le gouvernement continue de se fixer comme objectif la réduction des déficits publics : -3,6 % du PIB en 2014 (-4,1 % en 2013), soit environ 18 milliards d’euros.Pour parvenir à trouver ces 18 milliards, le gouvernement table sur 15 milliards d’économies et 3 milliards d’euros de recettes supplémentaires, donc d’impôts nouveaux. Pour faire taire la polémique sur le « ras-le bol fiscal », le gouvernement souligne que 80 % de l’effort sera fait via les économies budgétaires et 20 % seulement par hausses d’impôts, en oubliant dans son calcul « savant » d’intégrer la hausse de la TVA dès le 1er janvier prochain et la hausse des cotisations retraites...
Austérité à tous les étagesSur les 15 milliards d’économies, 6 milliards sont programmées sur les dépenses sociales dont 2,9 milliards doivent provenir d’économies sur l’assurance maladie. Selon le gouvernement ces économies « porteront principalement sur des baisses de prix de médicaments, des baisses de tarifs dans certaines spécialités, la maîtrise médicalisée et des gains de productivité dans le secteur hospitalier ». Mais nous ne savons pas encore quelle forme cela prendra, et au vu de ce que subi le service public de la santé, cela n’est du tout rassurant. Une saignée aussi sur les budgets de l’État, à hauteur de 9 milliards d’euros en 2014, dont 2,6 milliards d’euros au titre des dépenses de fonctionnement ; 3,3 milliards d’euros pour ce qu’il est convenu d’appeler « concours aux autres entités » et 2,6 milliards pour le titre « autres dépenses »... Derrière ces chiffres, ce sont une nouvelle fois les emplois qui seront sacrifiés : maintien du gel des salaires pour la majorité des fonctionnaires, deux à trois milliards d’euros en moins pour les organismes de l’État et les collectivités locales... Autant de services publics en moins pour la population.
Les entreprises et les plus riches bichonnés L’autre volet du projet de loi de finances 2014 porte sur les recettes à hauteur de 3 milliards d’euros. À écouter le gouvernement, on pourrait penser que celui-ci a décidé de taxer aussi bien les entreprises que les particuliers. Mais une nouvelle fois, le gouvernement nous fait de l’intox ! Certes de nouveaux impôts sont programmés sur les entreprises, mais les allègements, et exonérations en particulier dans le cadre du fameux « choc de compétitivité » feront en sorte que les entreprises ne paieront rien de plus, et pire elles verront même leur imposition baisser. Le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) apportera 10 milliards aux entreprises en 2014... financé par « les ménages », c’est-à-dire nous : hausse de la TVA (plus de 5 milliards), fiscalisation des majorations de pensions (1,2 milliard), abaissement du quotient familial (1 milliard), fiscalisation de la part employeur des complémentaires santé (1 milliard), réduction d’impôt pour les frais de scolarité (440 millions)... À cela s’ajoutent les mesures en matière de fiscalité écologique, comme la contribution climat énergie qui ne remet pas en cause les exonérations dont bénéficient les secteurs du transport, de l’agriculture ou de la pêche.
S’opposer maintenant !Le budget 2014 s’inscrit dans les politiques d’austérité de l’ensemble des pays européens. Moscovici a rencontré la Commission européenne pour démontrer que la France était un bon élève et qu’elle respectait bien les critères du Pacte de stabilité. Le gouvernement confirme bien qu’il préfère protéger les riches et faire les poches aux classes populaires. Face à cela il y a urgence ! Urgence de s’opposer à cette politique de classe, qui ne fait qu’accentuer les inégalités, la précarité et le chômage et permet aux plus riches de faire toujours et encore plus de profits. S’y opposer clairement, dans l’unité, en n’ayant pas peur de l’affrontement.
Sandra Demarcq