Une centaine d’économistes de tous pays viennent de publier un rapport sur les inégalités sociales mondiales. Le document étudie, sur la période 1980-2016, l’évolution des revenus et des fortunes, et montre une explosion des inégalités.
Les 1 % les plus riches du monde ont récupéré 27 % de la croissance depuis le début des années 1980 ; les 50 % les plus pauvres n’ont eu droit qu’à 12 %. Autrement dit, pour chaque tranche de 100 euros supplémentaires produits depuis 1980, les 1 % les plus riches se sont octroyés 27 euros, tandis que les 50 % du bas (qui, eux, ont travaillé pour produire cette richesse supplémentaire) n’ont eu droit qu’à 12 euros en moyenne (certains n’ont rien eu du tout). Les 1 % les plus riches possèdent 33 % du patrimoine dans le monde aujourd’hui, contre 28 % en 1980. Ils accaparent 20 % des revenus dans le monde aujourd’hui, contre 16 % en 1980.
Les inégalités ont progressé partout dans le monde, mais pas au même rythme. Les 10 % les plus riches en Europe de l’Ouest concentrent 37 % des revenus en 2016. Les 10 % les plus riches concentrent 47 % des revenus en Amérique du Nord et 61 % au Moyen-Orient.
En France, le revenu moyen des 1 % les plus riches a progressé de 98 % en vingt ans. Les 1 % les plus riches possédaient 23 % du patrimoine total des ménages en 2013 contre 16 % en 1982. C’est à partir de 1983 que les inégalités ont commencé à augmenter de façon spectaculaire en France : les salaires sont comprimés et les allègements d’impôts pour les revenus les plus élevés prennent de l’ampleur. 1983, c’est le « tournant vers la rigueur » de Mitterrand et des socialistes, qui se rallient ouvertement aux intérêts du capital. Les gouvernements successifs vont continuer sur cette lancée, et la politique de Macron ne peut qu’accentuer la tendance. Selon une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les 10 % des Français les plus aisés vont concentrer 46 % des baisses d’impôts prévues sur le quinquennat. Et parmi eux ce sont les « 1 % » qui devraient être particulièrement choyés.
Derrière ces inégalités, il y a un système économique reposant sur l’exploitation du travail : c’est bien lui qu’il faut combattre, pour que le sort de la majorité de la population ne repose plus sur les décisions d’une minorité qui met les politiques à son service.