Depuis le 14 septembre, les salariéEs de Bergams à Grigny (91), du groupe Norac (agroalimentaire), sont en grève reconductible, avec tenue d’un piquet de grève 24/24h.
Depuis janvier 2021, ils et elles ont travaillé malgré la mise en place d’un accord de performance collective (APC) et d’une activité réduite pour le maintien de l’emploi (ARME) leur faisant perdre de 300 à 800 euros de salaire par mois, suivant le poste et l’ancienneté du ou de la salariéE, tandis que dans le même temps les aides de l’État tombent et que les cadres ont été augmentés de 15 % !
En manifestation à Rennes
À deux reprises, la direction a attaqué les grévistes au sujet de leur droit à tenir le piquet et elle a perdu : les non-grévistes, administratifs et cadres pour la plupart, ne sont pas empêchés de travailler. Mais la production est à l’arrêt.
Aucune négociation n’ayant été possible en raison du refus de la direction d’ouvrir un quelconque dialogue tant que les salariéEs sont en grève, une cinquantaine de ces dernierEs sont allés, jeudi 21 octobre, manifester sous les fenêtres du groupe, dans le centre bourgeois de Rennes. Un cortège puis un rassemblement coloré, bruyant, musical, qui a pu s’abriter de la pluie battante et se restaurer grâce aux renforts des militantEs syndicaux bretons, en particulier de Solidaires.
Les grévistes ont exigé d’être reçus. Lors de l’entretien, les dirigeants du groupe ont tout simplement dit aux déléguéEs que, pour eux, le compte n’y était pas. Les affaires auraient pu reprendre après la crise sanitaire, mais la grève empêche les bénéfices de tomber dans les poches des actionnaires ! Et, cerise sur le gâteau, on leur a fait remarquer à trois reprises qu’il y avait beaucoup d’heures de délégation syndicale dans l’entreprise… Autre façon de leur dire : le droit syndical des salariéEs nous insupporte et vous vous rebellez contre les conditions que nous vous offrons.
Menace de liquidation judiciaire
La menace agitée lors de cet entretien s’est confirmée. Le soir même, les déléguéEs recevaient une convocation à un CSE extraordinaire le 29 octobre en vue d’une demande de « liquidation judiciaire » que la direction compte déposer au tribunal de commerce le 4 novembre.
Quel cynisme odieux ! Pas question de prendre dans la poche des actionnaires qui ne vivent que sur le travail de celles et ceux qui produisent la richesse, subissant maladies professionnelles et accidents de travail, et augmentation des cadres pour qu’ils soient zélés ! Comment vivre décemment pour les salariéEs avec de telles baisses de revenus, en plus d’une augmentation de temps de travail de 35 à 37,5 h, pouvant aller jusqu’à 42 h, et cela sans savoir à quelle heure on va rentrer chez soi le soir pour s’occuper des enfants.
Pour les grévistes, c’est clair, ils et elles mèneront le combat jusqu’au bout et vont dans l’immédiat étudier, avec le soutien d’un expert économique du syndicat et de leur avocate, les détails de l’annonce de la demande de liquidation — et où est passé l’argent de leur travail. Et pour l’heure, la grève continue !