Alors que Renault sacrifie des centaines de salariéEs de ses sous-traitants des fonderies MBF à Saint-Claude, AAW à Chateauroux ou SAM à Decazeville (où le groupe s’acharne pour montrer aux salariés et à l’État qu’il est déterminé à poursuivre les restructurations), la casse sociale passe à la vitesse supérieure sur le centre technique de Lardy, consacré au développement des moteurs thermiques.
Lundi 13 décembre, lors d’une réunion à distance, le directeur de la Mécanique de Renault annonçait officiellement, à plusieurs centaines de salariéEs, qu’à partir de 2025 il n’y aurait plus d’activité liée aux moteurs thermiques ou hybrides sur ce site. Les activités restantes seront attribuées à deux sites en Roumanie et en Espagne.
C’est l’avenir même du site qui inquiète
Après des mois de silence, la direction a donc fini par cracher le morceau. Ce n’est pas vraiment une surprise, mais cette annonce faite sans la moindre garantie pour les salariéEs ne peut qu’accentuer la pression qui monte, à mesure que les plans d’économies taillent dans les effectifs : plus de 650 postes supprimés en deux ans à Lardy, en majorité des prestataires, sans parler des salariéEs des autres sites voués à la fermeture, qu’ils soient Renault ou sous-traitants.
Depuis des mois, l’ambiance est lourde : en plus des suppressions de postes, le télétravail et l’échec relatif de la mobilisation contre l’externalisation forcée de la maintenance au printemps dernier pèsent sur les salariés. À présent, c’est l’avenir même du site qui inquiète.
Concrètement, la fin du thermique va impacter les salariéEs par vagues successives d’ici 2025, au fur et à mesure que seront achevées les phases successives de développement des deux derniers moteurs essence. Les salariés chargés des premières étapes de la conception se retouveront sans activité dans quelques mois ; pour d’autres (comme ceux chargés de la dépollution), ce sera un peu plus tard.
La direction a tenté de camoufler l’annonce derrière la signature cette semaine d’un accord d’entreprise triennal par FO, la CFDT et la CFE-CGC, qui jouent le rôle de caution syndicale des attaques patronales, en échange de fausses promesses de création de postes et sous couvert de la propagande habituelle sur la transition énergétique. L’accord prévoit ainsi le blocage des salaires, une flexibilité accrue et la suppression de 1200 postes supplémentaires dans l’Ingénierie/Tertiaire. Si 2000 embauches sont annoncées sur trois ans en Fabrication et Logistique, c’est sans compter le nombre de départs, probablement bien plus élevé...
Les salariéEs n’ont pas à faire les frais de la course au profit
Mais derrière la fin du thermique à Lardy, il y a les calculs des constructeurs qui se préparent à se disputer le marché des véhicules électriques. C’est pour faire des économies et regonfler les profits qu’ils réduisent les effectifs et mettent en concurrence les sites.
Alors que l’État arrose les constructeurs d’argent public, ceux-ci répètent que les véhicules électriques requièrent moins de main-d’œuvre. Pourtant, du travail sur ces moteurs électriques, il y en aurait pour touTEs les salariés, qu’ils et elles soient à Lardy ou sur d’autres sites. Mais Renault diminue son budget de recherche et développement ! Pourtant la société aurait besoin de ce travail, non pas pour gaver les actionnaires de profits, mais pour relever les énormes défis technologiques du moment, dans l’automobile ou ailleurs.
En tout cas, les salariéEs n’ont pas à faire les frais de la course au profit ou des choix technologiques patronaux, que ce soit la fin du Diesel ou du thermique au profit de l’hybride ou de l’électrique. C’est aux patrons de mettre les moyens pour former les salariés et maintenir tous les emplois. Au-delà des centres techniques, si vraiment le passage à l’électrique signifie une baisse d’activité, alors il faut partager le travail entre tous, sans perte de salaire.
Quoi qu’il en coûte aux constructeurs, pas question que les salariéEs paient la note ! Face aux restructurations liées à la transition énergétique, voilà le début d’un programme de lutte pour les travailleurs de Lardy et de l’ensemble du secteur automobile. Les dernières mobilisations contre les suppressions de postes à Lardy ou l’accord triennal à l’usine de Cléon ont montré qu’une fraction des salariéEs est consciente que pour défendre ses intérêts face aux patrons et à l’État qui les soutient, la seule perspective qui vaille est la lutte collective.