Depuis 7 semaines, les salariéEs du nettoyage de la société TFN sont en grève pour leurs salaires et leurs conditions de travail (voir l’Anticapitaliste n°286). Mais cette multinationale, présente dans 16 pays, n’est pas le seul voyou dans l’affaire car le donneur d’ordre est ici les finances publiques, c’est-à-dire l’État.
Les grévistes des 4 centres en grève ont dû attendre un mois avant que TFN accepte de négocier, mais à l’arrivée elle n’a concédé que des bricoles. Afin de faire pression, les grévistes ont cherché à rencontrer le donneur d’ordre, la préfecture de région et le « Service des achats de l’État » (SAE). Mais ce service leur a dit que cela ne relevait pas de ses compétences et les a renvoyés à la direction parisienne des finances publiques.Pas si simple, car malgré les demandes répétées et des rassemblements devant le siège, cette direction a attendu 6 semaines de grève (!) avant de daigner recevoir une délégation. Mais elle a aussi fini par affirmer qu’elle était « impuissante », et a renvoyé les grévistes à la préfecture de région.Pourtant, si l’administration voulait – ou avait le moindre intérêt ! – à le faire, elle pourrait menacer TFN de ne pas renouveler le contrat. Et même sans attendre, une clause du contrat lui permettrait de le résilier tout de suite si la société « contrevient à la réglementation du travail ». Et c’est ce qu’elle fait depuis des années : sur les heures complémentaires, le remboursement du pass navigo, l’accès à la formation professionnelle, sans parler de l’obligation de nettoyer 1 400 mètres carrés de bureaux ou jusqu’à 40 toilettes en 3 heures pour un salaire de misère...
Un courage exemplaireMais pour ces 23 grévistes, combien d’autres souffrent en silence ? En rendant visite à d’autres centres des finances sur Paris, ils ont trouvé parfois des salariéEs tellement terrorisés qu’ils/elles n’osaient même pas leur parler de peur d’être mal vus. Et ce n’est pas qu’aux Finances que TFN sévit. La société a des contrats dans d’autres ministères, dont à Jeunesse et Sport, à l’Intérieur, et même chez le Premier ministre !Quand le gouvernement annonce les coupes budgétaires, les petits technocrates dans leurs bureaux sortent leurs calculettes pour chiffrer la réduction des dépenses par secteur. Et au bout de la chaîne, c’est l’externalisation des services à des patrons voyous, des conditions de travail proches de l’esclavage, et des salaires qui permettent à peine de survivre. Voilà la grande œuvre de ce gouvernement de « gauche ». La honte !
Ross Harrold
Pour soutenir les grévistes, chèques à l’ordre de « CGT solidarité grévistes » à l’adresse de la CGT Finances Publiques, 6 rue Sainte-Hyacinthe, 75042 Paris cedex 01.