« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». La preuve par Amiens.
On avait beau le savoir, on avait beau s’y attendre, le jugement rendu par la cour d’appel d’Amiens à l’encontre des 8 ex-salariés de Goodyear demeure insupportable. Une relaxe et sept condamnations à des peines de 2 à 12 mois de prison avec sursis, avec inscription sur le feuillet n°2 du casier judiciaire et 5 ans de mise à l’épreuve.
D’un côté pour les Balkany, Tapie, Lagarde, Wildenstein, coupables ou complices du détournement de centaines de millions d’euros, la justice est incompétente, dispense de peine, passe l’éponge. De l’autre la recherche du profit maximum par les patrons de Continental, PSA, Goodyear et des dizaines d’autres plongent dans la misère des dizaines de milliers de salariéEs. Une misère qui brise les vies sociales, qui pousse au suicide.
De la répression à la régression
Et pourtant, là aussi, la justice patine, trouve, des explications, des excuses, prononce des condamnations inappliquées. L’idée d’une justice à deux vitesses est un euphémisme. Dans un cas, elle accable des gens qui se battent pour leur vie, leur survie. De l’autre, elle exonère de toute sanction ceux qui bâtissent des fortunes inimaginables sur le dos des premiers.
Pour faire passer leurs politiques de régression sociale, les gouvernements aux ordres des patrons ont plus que jamais besoin de faire peur. La peur des attentats, la peur de l’étranger, la peur de la répression, la peur du chômage, sont instrumentalisées à outrance. Le combat contre ces politiques est indivisible. Il doit monter en puissance pour réduire au silence tous ceux qui en on fait, et en font, leur fonds de commerce, et espèrent bien bâtir dessus un succès électoral...
Robert Pelletier