Les livreurEs en colère de différentes plateformes (UberEat, Deliveroo, Foodora) avaient appelé à une semaine de mobilisation du 8 au 15 juillet, dernière semaine de la Coupe du monde.
La baisse des rémunérations, l’augmentation des distances, la baisse du nombre de commandes/heure (en raison d’un nombre toujours plus important de livreurs) énervent profondément, dans un secteur déjà extrêmement précaire.
Le 8 juillet, une quarantaine de livreurs s’étaient réunis place de la République à Paris, pour exprimer leur ras-le-bol et leurs revendications :
– une tarification minimale horaire garantie ;
– la prise en compte de la pénibilité de travail (prime pluie, week-end, nuit, etc.) ;
– des plages de travail et une activité garantie ;
– la fin du travail dissimulé.
À Nantes et Bordeaux des rassemblements avaient également eu lieu, regroupant une soixantaine de livreurs en tout.
Reconstruire une conscience collective
Le 15 juillet, alors que les plateformes avaient annoncé qu’elles fermaient durant la finale, empêchant, de fait, la possibilité de taper au porte-monnaie, moins de monde s’est réuni, illustrant les difficultés de mobilisations.
L’une des réussites de cette mobilisation a été de réunir derrière les même revendications des travailleurEs de différentes plateformes. Le fait de se regrouper alors qu’ils et elles ne travaillent pas pour la même boîte, témoigne de la conscience que le problème posé par l’ubérisation n’a pas de réponse individuelle mais que les travailleurs ont des intérêts commun.
Une autre réussite a été que les livreurs de Londres et Turin ont rejoint l’appel à la grève, résultat d’un travail de liens internationaux mené cette année. Ces liens sont très précieux et permettront, espérons-le, de construire des grèves internationales à l’avenir
La lutte menée n’a pas été sans impact : la visibilité médiatique a permis de dénoncer le mirage de l’ubérisation, les rassemblements organisés ont permis de reconstruire une conscience collective du travail, une conscience de classe, et des expériences d’auto-organisation.
La mobilisation n’a cependant pas réussi à être assez massive pour changer le rapport de forces avec les plateformes. La précarité économique, l’absence de droit de grève, l’atomisation des travailleurEs et l’individualisation rendent difficile une mobilisation de masse. Il ne s’agit toutefois pas d’en conclure que ces secteurs seraient inorganisables : malgré ces limites, cette semaine de mobilisation nous montre qu’il n’en est rien, et que, face à l’exploitation capitaliste, les travailleurEs seront toujours disponibles pour se battre.
Stee Ven