La plus importante mobilisation sous Hollande... Il aura fallu quatre longues années pour que se dessine la possibilité d’un mouvement d’ensemble contre la politique du gouvernement PS-Medef, mais nous y voilà !
Malgré la proximité avec la rentrée des facs, le nombre relativement limité d’appels à la grève et le ralliement tardif des appareils confédéraux, ce mercredi 9 mars a connu les manifestations antigouvernementales les plus importantes depuis l’élection présidentielle de 2012. Le nombre de manifestantEs dans les villes petites et moyennes et la dynamique de mobilisation dans la jeunesse, avec des assemblées générales autant ou plus nombreuses que les premières contre le CPE il y a 10 ans, montrent que nous ne sommes pas en présence d’une journée d’action plus réussie que les autres, mais bien d’un ras-le-bol généralisé.
Car au-delà du rejet massif de la loi travail, cette journée a cristallisé les colères contre la politique antisociale, liberticide, raciste de Hollande et Valls, ainsi que la révolte de la jeunesse contre une société qui n’a à lui offrir pour horizon que des années de galère.
Trouble dans les directions syndicales
La journée du 9 est aussi un révélateur du trouble qui règne dans les différentes structures syndicales. à la CGT d’abord, où, lassées de rester l’arme au pied, les animateurs de nombreux syndicats, de nombreuses unions départementales, ont décidé d’organiser les manifestations sans attendre le feu vert de Montreuil...
à la CFDT ensuite, où plusieurs syndicats sont passés outres les mots d’ordre confédéraux et ont rallié la mobilisation pour le retrait. Trois jours plus tard, Laurent Berger n’a pu réunir que quelques centaines de militants en défense de l’amendement du projet de loi.
Plus généralement les confédérations sont contraintes de s’adapter à un calendrier de mobilisation complètement différent de celui qu’elles avaient prévu, poussées par la mobilisation croissante dans les facs et les lycées, et les attentes de nombreuses équipes syndicales.
Réussir les prochaines étapes
Les organisations de jeunesse, rejoints dans plusieurs départements et régions par les syndicats, appellent à manifester le 17 et le 24 mars, date à laquelle le projet de loi sera officiellement présenté en conseil des ministres.
Pour réussir ces prochaines étapes, il nous faut expliquer que le cœur de l’attaque demeure malgré les annonces de Valls lundi dernier (voir article en page 4). L’essentiel pour le gouvernement n’était pas de plafonner les indemnités accordées par les prud’hommes ou de faire travailler plus les apprentis, mais bien d’en finir avec le code du travail et les conventions collectives comme socles de droits garantis à tous les travailleurs quelle que soit leur entreprise.
Mais ces reculs montrent dans le même temps que le gouvernement est affaibli, obligé de manœuvrer pour regagner des soutiens. Dans ces conditions il est possible d’obtenir beaucoup plus... à condition de se mobiliser plus !
Dans les facs, les administrations, les entreprises, préparer la grève !
Des universités ont d’ores et déjà voté le blocage des cours pour permettre la participation massive des étudiants à la prochaine manifestation. Les deux prochaines semaines doivent permettre de massifier et généraliser la grève dans les facs et les lycées. Chez les salariés, les rythmes de mobilisation sont nécessairement plus lents, perte de salaire oblige, mais les journées du 17 et du 24 peuvent être un premier ou un second test pour entraîner ses collègues dans l’action. Les fonctionnaires sont moins directement touchés par la réforme – encore que la remise en cause du statut suivra la loi El Khomri si elle adoptée – mais ils ont servi de vache à lait ces dernières années pour financer les cadeaux au patronat comme le CICE. C’est le moment de présenter la facture au gouvernement !
Quelques revendications offensives bien choisies peuvent permettre de toucher plus de salariés et d’unifier le mouvement. Le gouvernement veut s’attaquer à la précarité ? 300 euros de plus pour tous et toutes ! Il veut réduire le chômage ? Partage du temps de travail !
Prévue le jeudi 31 mars, la journée de grève interprofessionnelle peut donc être une réussite essentielle, sur fond de mouvement massif dans la jeunesse et d’envie d’en découdre chez les salariés. Un contexte favorable pour expliquer que comme le mouvement de 2010 nous l’a montré, des journées de manifestations même très réussies ne suffiront pas à faire céder le gouvernement, et qu’il faut passer au stade supérieur, la grève et le blocage de l’économie jusqu’au retrait.
S.P.