Du lundi 19 mars 2018 à 5 h 45 au vendredi 23 mars dans la matinée, l’usine Bosch de Rodez a été complètement bloquée par des débrayages tournants et des barrages aux portes de l’usine empêchant entrée et sortie des pièces pour la fabrication. Les 1 600 salariéEs de la seule grande usine en France ne fabriquant que pour le diesel sont en effet sous le coup d’une menace sur leurs emplois, leurs salaires et l’avenir même du site.
Bosch, l’un des plus grands équipementiers automobiles mondiaux, soupçonné d’avoir participé au dieselgate avec Volkswagen et Fiat Chrysler, est sous le coup d’investigations judiciaires. Et c’est aux salariéEs que l’on demande de payer les conséquences des truquages appliqués par les firmes automobiles. Les profits avant tout : Bosch lance des investissements en Europe pour sortir de cette technique mais pas dans une usine de Rodez condamnée, dans les plans de la direction, à accompagner la déclin du diesel. D’où une production en diminution, des investissements au rabais et la volonté de mettre toute l’usine à temps partiel avec des baisses de salaire en conséquence. Trop c’est trop : tel est le sens des blocages de la semaine dernière.
Premiers reculs
Des négociations tripartites entre intersyndicale, direction de l’usine et un représentant du gouvernement ont abouti à un protocole de fin de conflit. Celui-ci comprend notamment la suppression du gel des salaires et la suspension de la menace de suppression de 300 empois. Selon le syndicat CGT Bosch, « le groupe s’est engagé à mettre en œuvre des pistes de diversification avec le maintien des 300 équivalents temps plein qui risquaient d’être condamnés, et un budget prévisionnel de 30 millions d’euros d’investissements d’ici 2020 pour accompagner ces nouveaux projets industriels ». Sur proposition de l’intersyndicale, la levée du blocage de l’usine a été voté en assemblée le vendredi 23 mars.
Pour une industrie capitaliste, les profits sont le but et, dans l’automobile, le diesel n’est qu’un moyen à un moment donné de l’obtenir. Preuve est faite chez Bosch que les directions patronales voudraient se servir de la transition pour s’en prendre à l’emploi et aux salaires. Mais les débrayages de la semaine dernière ont réussi à provoquer des premiers reculs.
Rien n’est encore acquis
Bien naïf serait celui qui croirait sur parole une promesse patronale. Dès le lendemain de la levée du blocage, le direction de Bosch cherchait à minimiser la portée du protocole d’accord de fin de grève qui, selon elle, se limite à « donner le périmètre des négociations qui vont reprendre dans les semaines à venir quant à l’investissement que nous voulons réaliser sur le site ».
Ce qui a été obtenu grâce aux débrayages et au blocage de l’usine la semaine dernière est toutefois un répit naturellement bon à prendre, qui aide à la lutte dans et autour de l’usine, pour le maintien de tous les emplois et des activités de production qui le garantissent.
Correspondant