Après le travail du dimanche, celui de nuit : le lobbying de la grande distribution, toujours à l’affût de marges supplémentaires et confronté à des condamnations judiciaires régulières suite à des plaintes, entre autres, de l’intersyndicale CLIC-P (Comité de liaison intersyndical du commerce de Paris) exige désormais de la part du gouvernement de pouvoir ouvrir les portes des supermarchés au-delà de 21 h.
Le 13 novembre dernier devait ainsi être présenté en Conseil des ministres un projet de loi visant à ajouter le commerce alimentaire à la liste des dérogations existantes à l’interdiction du travail de nuit. De la sorte, les petites comme les grandes entreprises du secteur, de Franprix à Monoprix, voulaient désormais faire travailler en toute légalité et pour un moindre coût leur personnel jusqu’à minuit.
Évidemment, l’impératif de protection de la santé des travailleurEs ne rentre pas en ligne de compte dans ce calcul, alors qu’il est avéré que le travail de nuit augmente le développement de certaines maladies mais aussi l’accidentologie, réduit l’espérance de vie, sans parler des répercussions sur la vie sociale. Mais la veille de sa présentation, la ministre du Travail annonçait l’ouverture d’une concertation de six mois sur le sujet, suivie de l’adoption par ordonnance (encore une !) dans les dix-huit mois qui suivent.
Après le report, se mobiliser pour le retrait
Deux explications à ce recul : la première est la levée de boucliers des syndicats à l’encontre de cette mesure. D’une part, la CFDT qui exige que les garanties, instaurées en 2016 dans les zones touristiques internationales pour le travail en soirée par le ministre Macron, soient retenues, dont le doublement du salaire entre 21 h et minuit (trop onéreux pour le patronat). De l’autre, la CGT qui refuse catégoriquement cette énième mesure de régression sociale qui ne manquerait pas d’être étendue ensuite à d’autres branches du commerce.
Plus inattendu, le gouvernement s’est souvenu, à l’approche de l’anniversaire des Gilets jaunes, que beaucoup de femmes travaillent dans la grande distribution et étaient à la pointe de la mobilisation sur les ronds-points…
C’est parce que notre santé n’est pas à vendre que les salariéEs du commerce ont intérêt à participer massivement à la grève du 5 décembre prochain : nos dimanches et nos nuits valent plus que leurs profits !
LD